Western choucroute ? Nein danke !

Autant vous prévenir tout de suite, Western de Valeska Brisebach n’est pas un film grand public et n’est pas non plus un western classique transposé dans l’Europe d’aujourd’hui. Ce n’est pas non plus, bien qu’il soit allemand, une sorte de Western choucroute (ni bien entendu spaghetti, paella ou fish and chips, mais ça vous vous en doutiez)


On a plus affaire à du cinéma vérité, proche du documentaire, une fiction néanmoins, mais très ancrée dans le réel, peu dramatisée et peu spectaculaire. Il n’y a pas de cowboys ni d’indiens, pas de shérif ni de hors la loi, pas de duels à l’harmonica entre un gentil vengeur et un méchant portant un long cache poussière, ni de bétail à envoyer paître ailleurs où l’herbe est plus verte et encore moins de cavalerie qui arrive au dernier moment quand on n’y croit plus, pour sauver la veuve et l’orphelin. Non, rien de tout cela.
Mais en revanche, il y a bien un héros taciturne et charismatique, fort et brave, qui manie le couteau et la carabine et sait se faire respecter, un anti-héros qui l’embête et qui énerve tout le monde, des indigènes d’Europe (les Bulgares) qu’il faut savoir amadouer si on ne veut pas avoir de gros ennuis (et pas avec de la verroterie à deux balles, ni du whisky frelaté) , des chevaux sans selle, un bar où on joue au poker, des bagarres entre hommes, des grands espaces et des femmes à conquérir.


Au début, on a un peu peur de s’ennuyer, et puis finalement non, le film devient intéressant, alors qu’il ne se passe pourtant pas grand chose.
Les comédiens non professionnels, majoritairement des hommes virils du bâtiment, dirigés par une femme qui semble bien les aimer, sont épatants de vérité (tout spécialement Meinhard Neumann) et l’intrigue d’abord basique devient plus profonde qu’elle n’y paraît. On assiste alors à un bel exemple de ce que sont les rapports humains entre tensions, hostilité, affrontements, rapports de groupes, maîtrise de ses nerfs, écoute de l'autre, désir d’intégration et amitié, voire plus si affinités.


A noter que même s’il y a peu d’action, le film est très physique, près des corps et que la caméra sait très bien capter la menace qui plane, notamment en filmant remarquablement la pénombre du crépuscule ou l’obscurité de la nuit.


A la fin de la projection, on se dit qu’on a assisté à un bon film et qu’on passerait bien ses prochaines vacances en Bulgarie, pour profiter des paysages, se baigner dans une rivière et boire un verre de tord boyaux avec les autochtones, en prenant soin de ne pas les prendre de haut et de savoir se faire accepter, en douceur.

Roinron
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le 26 nov. 2017

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