J'ai entendu parler de ce docu je ne sais plus où, mais l'article traitait de la montée de docu de droite ces dernières années et qui rencontrent un certain succès. J'étais donc curieux de découvrir ce phénomène, notamment par ce docu qui semblerait être un des plus populaires de la liste ; bon j'ai oublié le restant de la liste, d'ailleurs j'avais même oublié que j'avais ce film si bien que je l'ai lancé sans trop savoir de quoi il s'agissait.
Et je dois dire que découvrir les premières images sans rien savoir fait se poser une question : est-ce une parodie ? Parce que la façon dont le bonhomme se comporte durant ces premières interviews, avec un regard hautain et des questions un peu idiotes m'ont vraiment fait penser au genre de comédies où l'on pourrait trouver Will Ferrel dans le rôle principal.
Mais très vite, on comprend que ce type est sérieux. Avec parfois quand même un doute, parce que c'est tellement gros... mais la dernière demi heure achève définitivement tout doute : alors qu'il était dans la retenue jusque là, orientant simplement les spectateurs vers ses convictions au travers du choix des intervenants et la façon dont il leur donne ou non du crédit (par des blagues, du dédain, un effet de montage), il se lâche complétement dans la dernière ligne droite, criant haut et fort ses peurs, ses craintes, ses convictions, son idéologie.
Je précise que je ne suis pas d'accord avec ce que le bonhomme dit. Mais tout du long, je me suis dit que, si c'était à charge contre les trans, au moins, il y a moyen d'en tirer des choses intéressantes. Effectivement, je pense que notre société a un gros problème pour aborder certains sujets sensibles, certaines personnes se braqueront vite pensant qu'un questionnement signifie une négation, mais ça va dans les deux sens.
Et c'est sans doute ce que l'on peut reprocher à l'auteur du documentaire, c'est de faire semblant d'accorder du crédit au camp adverse quand la vraie intention semble être de les discréditer. Et ainsi, l'auteur ne fait que marteler son point de vue après avoir montré combien les défenseurs LGTB sont incohérents.
Le sont-ils vraiment ? Je ne sais pas. Clairement il y a du montage dans l'air et si ça tombe certains intervenants ont réussi à sortir des choses précises et concises comme le voulait l'auteur. On ne le saura jamais. Mais le doute sera toujours là car l'auteur commet l'imprudence de monter une réponse d'un philosophe de façon comique, en ellipsant une partie de réponse à l'aide de fondus enchaînés. L'effet est rigolo en soi et digne d'une comédie. Sauf que c'est un documentaire, que l'auteur pose une question pour ensuite ne aps écouter la réponse et la tourner en dérision, parce que c'est long, intello, chiant. Il y a un refus d'écouter l'autre (ce qui me semble être le crime le plus grave quand on souhaite réaliser un documentaire, même si dans la plupart ds cas on veut transmettre sa propre idéologie).
Le film est violent tout du long, mais certains passages, dont celui que je viens d'évoquer mais aussi la dernière demi-heure, sont vraiment très très brutales. On sent bien que l'auteur veut malmener les défenseurs trans. Et puis il s'en prend, surtout dans la dernière demi-heure, aux instances supérieures, on évite ainsi de trop blâmer les gens, les vrais méchants, ce sont les gouverneurs, les docteurs, les psy qui veulent convaincre les jeunes de changer de sexe. C'est vraiment l'impression qu'on retire de ce docu un peu parano, que des gens veulent abuser des jeunes, jouer avec leurs corps, stériliser la population...
Le plus falacieux dans tout ça, c'est cette question : what is a woman ? Question intéressante. Mais attendre une réponse claire et précise est idiot. Il y a tellement de façon de répondre à cette question : d'un point de vue scientifique, d'un point de vue social, d'nu point de vue psychologique, d'un point de vue philosophique, d'un point de vue légal, d'un point de vue personnel (et là on a une infinité de réponses). Certains se risquent à y répondre, mais le correpsondant est fermé, c'est donc inutile. D'autres choisissent la fuite, ce qui décrédibilisent forcément leur idéologie (même s'il vaut mieux fuir l'idiot aveugle).
Le mieux aurait sans doute été de répondre par une autre question : qu'est-ce qu'un homme ? Evidemment, l'auteur aurait répondu, comme sa femme à la fin, quelque chose de très premier degré : un adulte mâle qui doit subvenir à sa famille. Mais il aurait été facile alors de creuser et mettre en péril sa question, démontrer que ce n'est qu'un aspect de la virilité. Le camp anti trans décide d'occulter tellement d'aspects liés à notre vie, pourtant, rien n'est jamais si simple. Et leur argument principal qui consiste à dire, ou insinuer, que si on n'est pas capable de définir simplement une femme, cela signifie que nous ne sommes pas en droit de parler transidentité est aussi idiot que dire à quelqu'un que parce qu'il a une mauvaise orthographe, alors d'office il est incapable d'émettre des raisonnements pertinents (un argument popularisé par les réseaux sociaux).
Je suis d'accord pour dire que laisser des enfants changer de corps est une erreur. Non pas qu'ils faillent les abandonner à leur désarois, non, que du contraire, je pense qu'il devrait exister des cellules d'accompagnement pour ces jeunes qui ne se sentent pas bien dans leur corps, afin de les aider, de les guider, avec bienveillance et neutralité (donc éviter de les influencer dans un sens ou l'autre), à comprendre ce qui ne va pas. Pourquoi ? Parce que les ados sont par définition mal dans leur peau et facilement influançables (d'ailleurs l'idée que des jeunes à partir de 16 ans puissent voter ça me rend fou, ils n'ont pour la plupart pas d'expérience sociale, ils ne sont de ce fait pas vraiment en mesure de comprendre ce que peut apporter tel ou tel choix politique, quelle répercussion cela peut avoir sur leur vie, ils sont pour la plupart les héritiers de penser de leurs parents, soit par l'acceptation soit par la contradiction et je simplifie certainement). Il en va de même pour leur corps. Une cellule d'accompagnement donc, pour qu'une fois adulte, ils puissent soit s'accepter, soit passer à l'action et changer de corps mais entretemps, le aider à résoudre des conflits intérieurs.
Une fois adulte, je ne vois vraiment pas où est le souci à changer de sexe. Chacun est libre de faire ce qu'il veut tant qu'il ne fait de mal à personne, et je ne comprends pas qu'il y ait des gens pour venir imposer aux autres leur vision de la vie. Personne n'est obligé d'aimer une personne trans, mais personne n'a besoin de la rejeter, de l'insulter, de refuser son identité. Et je ne comprends même pas pourquoi ça doit être un sujet de discussion. En fait, tout cela devrait pouvoir arriver banalement.
L'auteur, pour se donner du crédit, parle de bloqueurs d'hormones que l'on appelle aussi castration chimique dans d'autres termes, refusant de voir les nuances. Je ne suis pas spécialiste en la question, mais il est clair que l'auteur a choisi ses intervenants en fonction de ce qui l'arrangeait ; plutôt que d'interviewer plusieurs personnes ayant le même titre sur la même question, il va voir machin, truc, bidule, des gens très différents, certains des professionnels, d'autres non (parfois on se demande pourquoi il demande l'avis de telle ou telle personne) et généralise. On sent bien qu'il manque une profonde étude et analyse du sujet, que l'auteur veut se contenter de l'empirique (d'où la question 'What is a woman?' dont les réponses ne le satisferont jamais. Il y a un semblant de science, il rappelle les chromosomes, mais il ne creuse rien véritablement.
L'on pourra reprocher les digressions et autres amalgames. On parle de perversion, on parle de compétition injuste dans le sport avec une exagération des chiffres (parce que oui, en effet, quoi qu'en dise l'auteur, les sportifs trans restent minoritaires, je n'en ai pas beaucoup vu aux jeux olympiques par exemple et je n'ai même pas entendu parler d'un trans qui aurait gagné une médaille). L'auteur digresse, part dans tous les sens, pour renforcer son point de vue.
En soi, ce n'est pas inintéressant ces digressions et comme je le disais, il y a du bon dans ce docu : en effet, je pense qu'il permet de réellement s'interroger sur la transidenté, essayer de mieux la comprendre. Essayer d'être plus juste. Ou plutôt essayer de mieux comprendre notre fonctionnement social. Parce que quand il demande comment gérer les toilettes, arguments récurrents chez les anti-trans, la réponse, ce n'est pas de trouver un système de toilettes qui conviendrait à tout le monde ; non, il faut voir cette question comme un problème social général et la réponse une solution qui permettrait de modifier notre société. Le problème ce n'est pas qu'un trans ayant un zizi puisse aller dans les toilettes des femmes (d'ailleurs je trouve leur histoire totalement idiote, soi-disant que des petites filles vont voir un zizi... dans les toilettes femmes, les wc sont dans un cabinet que l'on peut fermer, les trans qui ont encore un pénis ne vont donc pas se balader la bite à l'air devant tout le monde, il n'y a aucune raison pour cela -et n'allez certainement pas imaginer que ce sont d'office des pervers/pédophiles qui vont profiter de cette intimité pour agresser des femmes ou des filles comme l'auteur de ce docu l'insinue un bref moment), non, c'est plutôt que l'on en soit encore à s'imaginer que la nudité est un danger, que la confrontation entre deux sexes finira forcément en acte sexuel consenti ou non consenti, que la présence d'une personne trans soit une menace. J'ai été dans des toilettes mixtes, et il n'y a aucun souci, il ne devrait y avoir aucun souci. Forcément il y aura toujours des gens, hommes le plus souvent hélas, qui feront chier leur monde, mais c'est justement ce qu'il faut aussi améliorer dans notre société : le vivre ensemble.
Mais le vivre ensemble, l'auteur ne semble pas connaître; il suffit d ele voir à une manifestation à un moment, attaquant les gens tout en victimisant : "ben quoi je pose juste une question, pourquoi vous répondez pas ? " cette mauvaise foi est incroyable, cest évident que personne ne répondrait à une question pareille, elle est mal posée, sur un ton inquisiteur, avec une équipe qui le suit. L'on pourra également tiquer sur ce passage final qui en dit long sur le rôle de la femme selon lui (au travers de sa réaction surjouée : ha oui c'était tellement simple de répondre à la question).
Je reviens sur l'acceptation de la transidendité. Pour moi il est d'autant plus difficile d'y répondre parce que je ne suis aps trans. Non pas que je ne puisse pas juger ce que je ne suis pas, je peux effectivement dire si un chat est mignon, con, mâle. Mais la question de al transidentité, comme je l'ai écrit plus haut, est une question complexe, qui touchent à plusieurs niveaux intellectuels. De mon point de vue, je suis tenté de dire qu'on est ce qu'on expérimente. Qu'on peut se dire homme ou femme quel que soit son sexe. C'est bizarre, oui, et c'est normal de ne pas être à l'aise avec un tel raisonnement, mais cela ne veut pas dire qu'il faille rejeter la personne pour cela ou lui rire à la gueule. Il est plus intéressant d'essayer de la comprendre. Mais donc, pour moi, une personne ayant subi une opération, ça me paraît difficilement concevable de la voir comme une femme ou un homme, simplement parce qu'il y a eu ce corps non voulu et que je psne que c'est l'expérience qui prévaut. Je ne suis aps dans la tête d'un trans, je me fourvoie donc complétement et j'accepte l'idée que je puisse me tromper complétement... mais pour moi, la femme étant opérée se rappellera toujours son corps d'homme, son opération, constatera le regard des gens. Donc j'ai cette impression qu'elle ne sera jamais vraiment femme, à moins de changer de vie, de pays, d'oublier (c'est possible, après tout, même si mon expérience passée me définit aujourd'hui, le lien avec le passé est plus inconscient que conscient), sinon il y aura toujours quelque chose pour lui rappeler sa condition première (je prends l'exemple de femme parce que c 'est celui du documentaire, mais cela vaut pour le trans homme aussi).
Mais ma réflexion ne doit pas aboutir à un rejet, parce qu'au final, moi, je m'en fous d'être face à un homme ou une femme ou un trans,... ce que je veux, c'est une personne, tout simplement et pouvoir interagir avec. Se définir homme ou femme est pour moi secondaire, c'est peut-être pour ça aussi que je ne peux pas comprendre tout ce remue ménage. Je ne suis pas bi non plus, parce que je pense être trop ancré dans les habitudes sociales, mais je pense qu'un être humain devrait pouvoir se dégager de ces 'moeurs', pour embrasser la sexualité générale, pouvoir aller là où le coeur le dit, toujours dans les limites du consentement évidemment, et ainsi explorer et même changer de sexe si c'est un désir ou un besoin, oui pourquoi pas.
Je précise aussi que j'ai cette impression sans doute naïve que c'est trop facile de dire que la sexualité ou le genre ça se choisit ou ça ne se choisit pas. À mon avis, la binarité (ou le manichéisme vu qu'il y a toujours les gentils et les méchants même si l'étiquette varie en fonction du point de vue) n'est jamais une solution et que la vie est plus compliquée que ça. Certains homo, pas tous, ne seraient p'tet pas homo s'ils avaient eu une autre éducation, un autre contexte social, d'autres rencontres ; certains hétéros (et là je pense que c'est un plus grand nombre) ne seraient p'tet pas hétéro avec une autre éducation, un autre contexte social, d'autres rencontres. Il y a tellement de facteurs qui nous font agir, c'est tellement complexe de déterminer les influences qui régissent nos vies même en se les réappropriants, que ça me fait toujours bizarre d'entendre un des deux points de vue principaux sur la question.
Bref, WHat is a woman est un pamphlet terrible contre la transidendité, qui balance des choses qui n'ont pas l'air fiables la plupart du temps, mais qui reste, à mon avis, et involontairement du point de vue de l'auteur qui aurait certainement envie de gerber en apprenant ma conclusion après avoir vu son docu, l'occasion de remettre en question notre société, notre rapport à soi, aux autres, pour un monde plus heureux ensemble, en acceptant les choix de chacun qui ne devraient même pas être discutés.