Roberto Minervini s'est fait sa petite place dans le documentaire en réalisant des films crus, durs et violents à regarder. Il cherche à montre des communautés invisibilisées par l'industrie du cinéma états-unien. Et tend à filmer des corps et des visages sans artifices, heurtés par des vies insoutenables.
Après avoir réalisé un premier long-métrage dans lequel il a suivi une communauté de "white trash" ( terme si cruel pour nommer les pauvres, les classes populaires, les "blancs" qui n'ont pas réussi à être "blancs"... ), il s'attarde dans ce film sur la communauté afro-américaine de la Nouvelle-Orléans détruite par l'ouragan Katrina en 2005 et dont les stigmates se voient encore aujourd'hui. Mais 12 ans après la catastrophe, le constat n'a jamais été aussi rude et le lien entre ségrégation raciale et ségrégation sociale jamais aussi réel dans un documentaire. Il réalise selon moi un film très important car ne se pavane pas derrière sa caméra mais élabore un véritable reportage : Dans cette ville, les afro-américains perdent l'un après l'autre leur maison revendues à des cadres dynamiques blancs, la police déchaîne sa violence contre les militants et les KKK sévit en assassinant impunément des jeunes noirs. Sans tomber dans le misérabilisme et sans créer de figure martyre, le réalisateur donne la parole à cette communauté, qui, quoi que l'on puisse penser, est trop peu écoutée.
Ce film est important parce qu'il fait renaître un cinéma politique et engagé trop faiblard ces dernières années.