Whatever Lola Wants par BibliOrnitho
Lola vit à New York et partage son temps entre son boulot de factrice et sa passion pour la danse. Elle travaille dur au quotidien pour progresser et parvenir à vivre de cet engouement artistique qui la poursuit depuis tant d'années. Mais malgré son ardeur, les auditions ne donnent rien ; malgré un talent certain, elle demeure dans l'ombre : personne ne semble la remarquer.
Un soir, pour la réconforter, un ami d'origine égyptienne lui montre une vidéo de la plus grande danseuse orientale que son pays ait connu : Ismahan. Fascinée, la jeune femme ne peut plus détourner les yeux de l'écran. Alors quand son petit ami du moment, après une brouille absurde, rentre au Caire où vivent ses parents (seule coïncidence facile dans ce très beau film), Lola ne fait ni une ni deux et saute dans le premier avion en partance pour les pyramides.
Lola, c'est une jeune américaine sans grande expérience, sans bagage culturel particulier. Lorsqu'elle débarque sans aucune préparation en Egypte, c'est avec toute la lourdeur de ses préjugés américains. Elle commet ainsi de nombreux impairs, enchaîne les gaffes. Zack est ahuri de la voir tomber du ciel et piétiner sans en avoir conscience les bonnes manières locales. Déçue de trouver en place du bel expatrié qu'elle avait connu à Ney-York, un musulman au milieu des siens, Lola se met en quête de la danseuse Ismahan qui ne quitte plus ses pensées.
Elle finit par la découvrir dans un quartier isolé, recluse dans sa demeure un peu défraîchie. L’idole cairote est tombée de son piédestal et vit maintenant coupée du monde, ne sortant plus que voilée pour accompagner sa fille à l'école toute proche. Lola s'étonne d'abord de cette austérité qui ne convient pas à une telle artiste et si en décalage avec l'adulation passée de tout un peuple. Malgré la nette opposition de l'égyptienne, Lola parvient à se faire accepter. Sa fraîcheur, sa détermination, et plus que toute autre chose, sa simplicité et son honnêteté finissent pas l'emporter : Ismahan la prend comme élève et commence à lui enseigner son art. Lola est très motivée. Ce que femme veut, Dieu le veut. La belle new-yorkaise finit par faire de sa professeur son amie. Ismahan renaît sous les yeux des spectateurs. Les deux femmes vivent en symbiose, tirant beaucoup l'une de l'autre, la danse et la confiance pour l'une, une resocialisation et une nouvelle estime de soi pour l'autre.
Un petit bijou que ce film. Beaucoup de retenue, énormément de pudeur malgré la jeune pétulance de Lola qui pouvait faire craindre une seconde Bridget Jones. Le duo Laura Ramsey - Carmen Lebbos fonctionne à merveille. Les charmes du Caire, l’envoûtement de la musique arabe, le thé servi à toute heure, les danses tantôt effrénées, tantôt lascives agissent sur notre subconscient. Les images sont superbes, l'esthétique magique. Ce film nous fait entrer de plein pied dans les palais des mille et une nuits. Emerveillement des yeux et de l’ouïe.
De magnifiques numéros d'acteurs. Laura Ramsey est parfaite en jeune américaine délurée mais déterminée. Carmen Lebbos est une femme magnifique, d'une grande classe et campe de façon parfaite une artiste déchue, que la solitude a aigrie. Ce film, c'est aussi l'épanouissement de la jeune et le retour à la vie de la femme mûre qui n'espérait plus rien du monde extérieur. Pas de pathos mais de la décence, de la délicatesse, de la sobriété. De la pureté.
Une très grande réussite. Un coup de coeur !
(mon 09/10 est un bon 9.5 : j'ai longtemps hésité entre 9 et 10 et hésite toujours).
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