Une petite merveille de documentaire. La facilité avec laquelle Mohammed Ali met tout le monde dans sa poche notamment les journalistes et la façon dont il transforme l'image de George Foreman, son futur adversaire, en abruti de service -ce qu'il n'était pas soit dit en passant - permet de se rendre compte qu'il était tout aussi fin tacticien sur le ring qu'en dehors.
La longue attente du "combat du siècle"', maintes fois reporté, occupe une première partie sans boxe mais qui n'en est pas moins passionnante. Ali est comme un poisson dans l'eau dans cette Afrique bruyante, effervescente, bordélique aussi. Là où Foreman bougonne, bouillonne, s'épuise, Ali occupe le terrain, sillonnant la campagne africaine et mobilisant les caméras. Son champ de bataille préféré est celui du politique, et des joutes idéologiques. Il forge ainsi en quelques mois son image de porte-parole antimilitarisme pour le retrait des forces américaines au Vietnam. Et ce combat contre "Foreman l’Américain" au cœur d'une Afrique jusqu'alors exclue des grands événements sportifs est l'occasion rêvée de mettre ses idées sur le devant de la scène.
Et le match de ces deux poids lourds arrive enfin. Aucune fiction, meilleure soit-elle, ne peut rendre compte d'une telle ambiance, d'une telle tension. Contre toute attente, le bondissant Ali dont la boxe était construite sur le principe de la mobilité et de l'esquive passe 10 rounds à encaisser dans les cordes. Répliquant à l'avalanche de coups de Foreman par autant de provocations verbales. Ce choc des titans prend alors une dimension quasi fantastique.
Kinshasa, 1974. Un chaudron bouillonnant pour un des plus grands moment de l'histoire du sport. Plongez-y !