Where the Dead Go to Die
5.2
Where the Dead Go to Die

Long-métrage d'animation de Jimmy ScreamerClauz (2012)

Le récit est complètement éclaté entre le destin de différents personnages, plus pervertis les uns que les autres, se partageant l’écran en découpage par sketch (des chapitres sont marqués). Il apparaît assez vite que ce film essaye de faire du choc pour du choc (nombreuses allusions sataniques, fascination pour le Mal et la corruption…). Autant dire que les enfants sont la première cible du film, qui ne recule officiellement devant rien. La première histoire est la plus glauque avec la dernière, mettant en scène un gamin vivant dans un climat psychologique éprouvant, qui voit alors un chien noir aux yeux rouges arriver et lui dire que son futur petit frère est l’antéchrist, qu’il faut le tuer et que c’est une mission divine. Le film ne se prive pas de tout montrer en détail, poussant la provocation jusqu’à montrer le gosse en train de sodomiser le clébard sur les corps décomposés de ses parents. Si votre cerveau n’a pas encore explosé à la lecture de ces lignes (le voir est autrement plus dérangeant), la suite du film se chargera de vous achever, le petit fonçant alors dans les bras de l’enfer et dans des dizaines de visions malsaines perverties par notre molosse qui s’en donne à cœur joie dans les commentaires faisant l’apologie du démon. Toutefois, le film est insupportable esthétiquement. Vous connaissez The Amazing Bulk ? Si ce n’est pas le cas, regardez sur youtube. La qualité des graphismes est à peu près équivalente à ce niveau. Mais si The amazing bulk nous faisait rire devant ce sommet d’incompétence, le choc et le premier degré de Where the deads go to die nous enlève ce modeste plaisir. C’est juste une torture visuelle et morale, dont le déballage des visions obscènes provoque un sentiment de gêne tel qu’on en viendrait presque à auto-censurer ce que l’on voit. D’autant plus qu’on cerne assez vite ce que veut dire le réalisateur. Rien. Il n’y a que cette absence de recul, cette fascination pour le malsain qui pervertit absolument tout ce qu’il aborde. A un tel stade de viol moral, ce n’est plus du pessimisme sur la condition humaine, c’est une exultation impie ! Une compilation des fantasmes les plus tordus de l’auteur, livrés sans fard sans recul aux yeux du monde. Toutefois, le film ne ment pas sur ses ingrédients, et s’adresse donc à un public underground, partisan par essence. Mais il n’y a rien derrière cette fascination pour l’inadmissible, même pas l’envie de la faire partager. Le tout n’est qu’une grotesque parodie de l’humanité, dans tous ses personnages, dont les pulsions semblent être les penchants naturels, tendant instinctivement la main à Belzébuth et ses envoyés, à tous les âges (du militaire retraité qui, hallucinant sur un conflit qu’il a vécu, mutile une prostituée, aux gamins de banlieue sinistre qui parlent avec le diable dans leur petit coin…). La dernière histoire est la plus grosse claque immorale, montrant un personnage de freak par essence sympathique (siamois avec un fœtus non développé, on penserait presque à Basket case) qui commence à entamer une relation amoureuse enfantine très rapidement salie par l’introduction d’une sexualité gênante, qui culmine en porno infantile que seul le cinéma d’animation peut espérer montrer sans poursuites judiciaire au vu du flou juridique concernant le fait que les enfants représentés ne sont pas réels (alors que leurs actes font échos à des perversions qui elles, le sont). Pour ce qui est du choc, si le spectateur n’a pas déjà perdu la vue suite à la monstruosité des graphismes (et pas dans le bon sens du terme), il devrait ressentir un profond sentiment de gêne pendant le visionnage, mission réussie donc pour le film. Mais est-ce bon, je ne le pense pas. Pas quand c’est aussi complaisant, aussi parodique de libido déjantée et de pulsion de mort… On passe un cap avec ce film, mais au final, cette séance de malaise d’une heure et demie qui n’aboutit sur rien, ça laisse dans une frustration artistique qui atténue assez vite le trauma subi. Mis à part son intensité jusqu’auboutiste, je n’y trouve aucune qualité. A réserver donc pour ceux qui s’intéressent à la surenchère, on tient là un morceau de choix…

Pour mes nouveaux lecteurs, sachez que depuis quelques temps, mon avis sur ce film et son auteur ont évolué, surtout après avoir lu une interview de ce dernier (sur le site Sadique Master, allez y jeter un oeil) et avoir revu le film avec les commentaires audio. Mon contre-avis est dans les commentaires de cette chronique, publié le 14/07/2014.

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le 15 sept. 2013

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Voracinéphile

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