Le Magicien d'Oz
J'ai toujours eu une certaine sympathie pour Michael Moore; de par son ton caustique, sa bonhomie naturelle et l'autocritique qu'il parvenait à faire dans ses premiers reportages. Mais là, je dois...
Par
le 15 sept. 2016
19 j'aime
5
J'ai toujours eu du mal avec le factice dans les documentaires, mais dans ceux de M. Moore je pense que nous avons dépasseé l'étape du documenteur. Les documentaires de Moore sont devenues des exemples de manipulation des spectateurs. Il utilise les mêmes rouages que tous ceux qu'il critique. Il suffit de regarder le montage. Il sélectionne les images qui s'accordent à son propos et utilise une voix off pour contextualiser selon ses envies. Il sort les images de leur contexte et leur donne une autre signification. Par exemple, moment où ce manège atteint un ridicule absolu selon moi, lorsqu'il filme la classe allemande mettant des objets dans une valise à l'image des déportés juifs. Il décide, très innocemment, de nous montrer une jeune fille fixant la valise, amplifiant sa tristesse en ajoutant une musique de fond triste; elle me donnait, personnellement, plus l'impression d'être une adolescente lambda s'ennuyant mortellement en cours. De plus les propos qu'il porte sur le traitement de la mémoire en Allemagne sont aberrants. De nos jours les allemands accepteraient leur culpabilité et que leur pays est fondamentalement mauvais (evil) ? (Mais ce n'est pas grave tant qu'ils arrivent à l'accepter et à se pardonner). D'ailleurs rappeler les évènements de la Seconde Guerre Mondiale ne fait qu'amplifier le cliché déjà en vigueur aux Etats-Unis qu'Allemane= nazi et n'a aucune justification tant dans la première citation que dans la référence à Leni Riefenstahl.
De manière général tous ces exemples ne sont choisis que pour faire passer un message. Il savait, avant même de débuter son tournage, ce qu'il voulait dire et a choisi en fonction de cela ce qu'il tournerait. Ainsi tous ces pays qui ont l'air bien meilleurs que les Etats-Unis ne s'arrête pas au deux aspects que M. Moore a sélectionné. Il montre ce qui y est beau voire embellir beaucoup et non ce qui l'est moins. Michael Moore choisit ses exemples comme il l'a toujours fait avec ses chiffres et perd le spectateur par une information non prouvée ni justifiée ou par un jeu sur le vocabulaire utilisé. En effet lorsqu'il se trouve au Portugal, nous apprenons que là bas les consommateurs de drogue ne sont pas pénalisés. Or il semble suggérer que cela constitue une dépénalisation de la drogue. Il en vient même à dresser un lien avec le traitement des afro-américains aux Etats-Unis souvent vu comme des dealers. Mais ce ne sont pas des trafiquants dont les portugais nous parlent mais les consommateurs. Il omet de préciser cela. Ceci nous montre parfaitement en quoi cette loi portugaise était juste un moyen d'amener une critique du système judiciaire américain et de la manière donc sont traités les afro-américains surfant ainsi sur un débat actuellement américain.
Ce film fait mine de s'intéresser au reste du monde quand le seul sujet est en fait la critique des Etats-Unis ou un one man show de Michael Moore qui semble mettre mal à l'aise tous les autres protagonistes. En effet il y a une réelle mise en scène du personnage de Michael Moore qui arrive à son paroxysme lors de la rencontre avec le Président slovène. Et dire qu'il s'intéresse au reste du monde est un bien grand mot: le reste du monde serait en fait l'Europe avec un petit peu de Maghreb mais pas trop; autrement dit l'occident, donc les pays les plus proches culturellement parlant des U.S..
Néanmoins tout n'est pas mauvais, une petite lueur de génie apparaît lorsqu'il décide de se taire et de laisser parler une jeune journaliste tunisienne qui vient enfin apporter de l'épaisseur aux propos du reste du film. Mais bien sûr le moment de bonheur ne dure que quelques secondes.
Mais le fil rouge, ou plutôt le poteau, du film reste le fait que cet intérêt pour l'Europe est en fait un moyen de glorifier les Etats-Unis et d'augmenter un peu plus l'orgueil de certains américains. En effet tout au long du film on remarque que les personnes questionnées donnent beaucoup de crédit aux américains pour ce qui est de l'origine de leurs merveilleuses idées que M. Moore est venu voler. Je n'aurais donc pas dû être étonnée d'un telle fin et pourtant... Remettons les choses en place: Michael Moore singe la propension des américains à s'approprier des idées et à envahir culturellement ou militairement des pays notamment grâce à cette magnifique astuce du drapeau. Il critique les Etats-Unis en montrant les qualités qu'il n'ont pas. Mais il décide de finir son film en annonçant qu'en fin de compte toutes ces idées géniales que nous, européens, avons eu, viennent en fait des... je vous les donne en mille... Américains! Mais c'est bien sur ! Ils ont tout trouvé et se sont juste perdus sur la route et nous, sales scélérats que nous sommes, nous les avons copié; c'est aussi simple que ça. Ce film est un éloge de ce que représente les Etats-Unis et non le reste du monde. C'est un film qui vise le spectateur américain qui se donne une conscience politique en allant voir un documentaire de M. Moore mais qui ne veut pas non plus faire trop d'efforts et réellement s'intéresser à tout ce qui n'est pas made in U.S.A. Where to invade next ? Oh no don't mine I'll just stay in the Greta United States of American. Thanks though.
Créée
le 18 sept. 2016
Critique lue 425 fois
4 j'aime
D'autres avis sur Where to Invade Next
J'ai toujours eu une certaine sympathie pour Michael Moore; de par son ton caustique, sa bonhomie naturelle et l'autocritique qu'il parvenait à faire dans ses premiers reportages. Mais là, je dois...
Par
le 15 sept. 2016
19 j'aime
5
Le problème de Moore, c'est qu'il est américain... et que forcément son "cinéma" (si on ose appeler ça comme ça) est profondément américain, avec toutes les mauvaises idées que ça implique dans...
Par
le 28 sept. 2016
18 j'aime
6
Je n'avais vu que deux documentaires de Moore : "Bowling for Columbine" et "Fahrenheit 9/11" (beaucoup plus dispensable que le précédent). Le premier constat est que "Where to invade next" est...
Par
le 8 sept. 2016
12 j'aime
6
Du même critique
J'ai toujours eu du mal avec le factice dans les documentaires, mais dans ceux de M. Moore je pense que nous avons dépasseé l'étape du documenteur. Les documentaires de Moore sont devenues des...
le 18 sept. 2016
4 j'aime