Guerre et Jazz
L'exercice du court-métrage n'est jamais simple : que raconter en si peu de temps. Et comment le raconter. Autant pour un long métrage on peut trouver des structures qui fonctionnent plus ou moins,...
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le 30 nov. 2015
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Pour la petite histoire, Whiplash était à la base un court-métrage, car son réalisateur Damien Chazelle n’avait pas suffisamment de moyens pour mettre à l’image son récit. Pour attirer l’attention des producteurs, il se lança donc dans la réalisation de ce film de 18 minutes. L’entreprise s’avéra des plus payantes, ayant tout simplement tapé dans l’œil des financiers lors du Festival de Sundance 2013, durant lequel il remporta le Prix du Jury du court-métrage. Dès lors, tout le monde connait la suite : naissance d’un véritable chef-d’œuvre ayant fait fureur aussi bien auprès des critiques que du public, enchaînant les cérémonies et les récompenses (Sundance 2014, Cannes 2014, Deauville 2014, Oscars 2015…). Comment un petit film a-t-il pu autant séduire ? C’est ce que nous allons voir !
Alors, avant toute chose, il faut tout de même préciser que beaucoup ont vu la « version longue » de Whiplash avant ce court-métrage. Et que l’intérêt de se lancer dans son visionnage peut s’avérer être inutile. Et pour cause, ce dernier se révèle être une scène entière du film. Celle où le jeune personnage principale, Andrew Neiman, débordant de rêves pour devenir le plus grand batteur du monde, débarque dans le cours d’un professeur de renommée l’ayant repéré mais qui va dévoiler son côté despotique au point de faire exprès de briser son nouvel élève pour que celui-ci se relève avec plus de convictions. Mais quand je dis « entière », ce n’est pas une exagération : même situation, mêmes répliques (le célèbre « Not quite my tempo »), mêmes plans, mêmes comédiens (que ce soit les figurants ou bien J.K. Simmons)… Il n’y a juste que le cadre et le premier rôle qui change. Respectivement une salle de classe miteuse et un inconnu du grand public, Johnny Simmons, qui n’était pas aussi convaincant que Miles Teller. Autant dire que le tout ressemble plus à de la redite qu’autre chose dans ces conditions ! Mais penser de la sorte serait réagir en idiot, car la « version courte » de Whiplash reste un plaisir délectable à regarder.
D’une part parce qu’on y retrouve les atouts du film. À commencer par cet infâme professeur de musique déjà joué avec brio par J.K. Simmons, qui irradie l’écran de sa prestation hors normes. Mais également la mise en scène si puissante de Damien Chazelle, dont la caméra et le travail effectué au montage épousent à merveille la musicalité de la chanson titre. Non pas pour le plaisir des oreilles (quoique ce soit également le cas) mais pour faire ressentir aux spectateurs la souffrance et la fatigue éprouvées par ces musiciens en herbe. Pour cela, il suffit de faire défiler en toute lisibilité la préparation minutieuse des instruments, la peur envers le prof, la salive coulant à flot du trombone à coulisse, la sueur sur la batterie… pour que l’ensemble se montre aussi vivant qu’éreintant. Ayant mis tout son savoir-faire de réalisateur dans ces 18 minutes, pas étonnant que Damien Chazelle est su captiver l’attention des producteurs par la suite, son court-métrage dévoilant un talent de cinéaste à suivre.
Côté scénario, là aussi cela relève du génie. Étonnant de la part du bonhomme qui nous a pondu Grand Piano et Le dernier exorcisme 2 (et prochainement 10 Cloverfield Lane), non ? En tout cas, pour ce qui est d’un projet personnel, Damien Chazelle sait faire du vrai cinéma. Celui où un metteur en scène use avant tout de l’image pour raconter quelque chose. Même si l'ensemble ne se montre pas aussi riche et percutant que la « version longue » (et puis, le format court-métrage ne le permet pas), le réalisateur parvient à nous mettre en avant un jeune musicien ambitieux qui va devoir, durant son année, se confronter à un terrible enseignant qui, pour lui permettre de réussir, va le pousser dans ses derniers retranchements pour que celui-ci y parvienne, même s’il faut se montrer tyrannique. Le court-métrage ne le dit pas explicitement, il nous le fait deviner. Et rien que pour cela, nous ne pouvons qu’applaudir le résultat !
Si pour certains le court-métrage sera l’occasion de revoir l’une des meilleures séquences du film avec de légères différences, pour d’autres, il s’agit-là d’un petit bijou qui révéla le talent d’un réalisateur bien avant sa consécration. Dans tous les cas, si vous avez aimé l’un, vous ne pouvez que vous laisser séduire par l’autre. Si la « version longue » reste le chef-d’œuvre ultime de Damien Chazelle, ce court-métrage vaut également le détour, vous garantissant 18 minutes intenses de vrai cinéma.
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Créée
le 27 févr. 2016
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bon eh bien qu'est ce que je pourrais dire de vraiment négatif sur ce film
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