White Epilepsy
7.4
White Epilepsy

Moyen-métrage de Philippe Grandrieux (2012)

Premier volet d'un triptyque comprenant aussi Meurtrière et Unrest White Epilepsy fait figure d'objet expérimental plastiquement fascinant doublé d'une singularité sans précédent dans l'Oeuvre de Philippe Grandrieux. Alors au stade du work in progress cette triple installation vidéo joue résolument sur l'exercice de notre regard de spectateur, nous laissant accommoder et/ou concentrer notre perception visuelle au gré de formes tour à tour abstraites et concrètes, séduisantes et repoussantes, polymorphes en tout point.


Intégralement muet mais arborant un paysage sonore évoquant d'inquiétants infra-mondes White Epilepsy nous plonge, sur un peu plus de 60 minutes, dans une succession de sculptures en perpétuelle mouvance, remodelant une poignée de corps masculins et féminins tout en brouillant nos repères. Jouant sur une utilisation du clair-obscur auquel il aurait ajouté la notion de temporalité Philippe Grandrieux multiplie les formes physiques avec l'appui professionnel de ses quelques performers, transformant un buste et séant, un bras étique en cuisse décharnée, une chevelure opaque en cavité souterraine.


Délibérément lent car foncièrement en cours de développement White Epilepsy se défie de toute conception pré-fabriquée et de tout compromis artistique, rendant compte de la modernité salutaire d'un plasticien hors-paire. Un film nous évinçant sans complaisance de notre zone de confort cinéphile, pour mieux en fin de compte nous réapprendre à voir dangereusement. Sublime.

stebbins
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le 29 sept. 2018

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