Une belle affiche, une ouverture d’exception, un pitch intriguant : White God excite comme il faut les papilles du cinéphile qui flaire là une petite pépite venue de Hongrie.


Il faut dire que Kornél Mundruczó sait y faire : son investissement de l’espace, sa gestion du rythme et du cadre sont mis au service d’une séquence inaugurale tout à fait saisissante, course dans une ville déserte entre une jeune cycliste et une meute canine hostile.


La suite ne démentira presque jamais son talent : lorsqu’il filme à hauteur de chien, le cinéaste relève un défi peu commun en termes de point de vue, et parvient à faire de ses animaux de véritables personnages : les scènes de poursuite ou de communication entre les chiens sont crédibles, et permettent le renversement attendu par rapport aux humains présentés comme des barbares. Le plaisir à filmer les bêtes, l’empathie pour leur sort et la jubilation de les voir débouler sur la ville est communicative, et fait beaucoup pour l’énergie du film.


Reste que celui-ci dure deux heures, et qu’il va bien falloir qu’il intègre ces éléments au sein d’un récit. Et là, tout s’effondre. Lorsqu’il est chez les humains, Mundruczó filme comme il écrit : avec une grande maladresse, estimant que la caméra à l’épaule est un gage de vérisme, et que sa petite demoiselle sera touchante dans la quête de son chien perdu.


L’argument de départ, qui prétend à la fable politique (seuls les chiens de pure race hongroise seraient tolérés) ne mène à rien sur le plan du récit qui dérive assez rapidement vers une alternance entre la jeune musicienne (la gentillesse, les restes d’humanités chez les hommes) et le parcours du chien qui traversera les bas-fonds de cette même humanité pour mieux justifier sa future vengeance sanglante. La musique est insupportable et digne d’un téléfilm, empesant chaque ambiance (lyrique, tension du film d’horreur, solennité grave) au surligneur fluo, et l’écriture sans réelle direction. Le parallèle qui s’établit avec l’orchestre n’en est que plus poussif : on avait compris la contamination de l’un sur l’ambiance du film, inutile de l’expliciter à ce point.


A l’image de cette meute qui déboule à plusieurs reprises au coin des boulevards, le récit ne sait pas où il va : la seule finalité semble être cet argument, certes plaisant en terme d’idée et fertile sur le plan des images : mettre en scène la révolte canine, sans qu’on se préoccupe vraiment d’en faire réellement quelque chose. C’est le même travers qui fait ployer l’édifice ambitieux de son film suivant, Jupiter’s Moon : faire de sa virtuosité plastique la seule réelle finalité. L’image finale, très belle, résume à elle-seule cette problématique : une plongée spectaculaire, mais figée sur un dénouement abrupt qui a tout de l’impasse.

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le 14 nov. 2017

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Sergent_Pepper

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