Essaim animé
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Réduits à des cobayes désignés pour mourir, deux chiens s'enfuient d'un laboratoire. Perdus en rase campagne, ils tentent de survivre. C'est le pitch de The Plague Dogs, beau et méconnu film d'animation britannique. C'était en 1982 et on attend toujours son héritier. White God, sur le papier, était un bon candidat.
Ici, deux histoires : celle d'un père, de sa fille, et celle du chien de cette dernière, un bâtard contraint de survivre dans la rue pendant que sa maîtresse le recherche au mépris du danger. Drame animalier + drame familial donc, l'un à hauteur d'enfant, l'autre à hauteur de chien. Les deux peinent à se faire écho et souffrent d'un gros problème de montage : à peu près toutes les scènes de l'oeuvre sont un poil trop longues. Atteignant les 2h, l'ensemble en souffre. De même, la mise en scène fait le grand écart : pour l'intro puis à de rares instants, des mouvements d'appareils amples et fluides mais, le reste du temps, une caméra portée sans relief, assez pénible dans ses tics nerveux. Bref, maigre bilan. Et pourtant...
Inabouti et trop bancal pour être le grand voyage émotionnel qui sommeille en lui, White God est en revanche très audacieux. Pour résumer, il part d'une situation proche du réel pour s'achever sur un dernier acte irréel. Entre les deux, d'incroyables pics d'intensité où l'empathie pour l'animal est sans bornes. White God, pari logistique hallucinant (les animaux sont une des plus grosses contraintes lors d'un tournage, et pas une image de synthèse à l'horizon), réussit l'essentiel : faire de ses chiens d'authentiques protagonistes, leur "jeu" explosant d'ailleurs celui d'un casting inégal (brillante au début, l'héroïne peine à jouer la peur quand les enjeux se resserrent). Inabouti, bancal, White God n'en est pas moins intéressant.
Il ose même baigner dans une ambiance proche d'une fameuse légende allemande, Le Joueur de flûte de Hamelin, jadis connue grâce aux frères Grimm. Et ce sans préparer le terrain pour son public, contrairement à l'étrange Hanna de Joe Wright par exemple, autre film non-fantastique qui lorgne sur les frangins. Le film y perd en crédibilité ce qu'il gagne en ambition. Tour à tour lassant et surprenant, White God comporte quelques belles scènes, un vrai parti pris et quarante minutes de trop. A chacun d'y voir un verre à moitié vide ou à moitié plein.
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le 21 déc. 2014
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