Au moins ce qu'aurait dû être Die Hard 5 !
Le duel de la Maison Blanche se termine en ce 4 septembre, ce dernier round orchestré par le spécialiste de l’action bourrine, de la destruction massive qui voit les bâtiments s’écrouler et les explosions s’élever jusqu’au ciel. Le cinéaste idéal donc pour ce genre de grand spectacle, capable de surpasser amplement son rival Antoine Fuqua et sa Chute de la Maison Blanche. Surtout que ce cher Roland Emmerich s’est un tant écarté du blockbuster d’envergure avec Anonymous pour sans doute mieux se refaire (2012 souffrait d’un côté cartoonesque lourdingue). White House Down, la meilleure prise d’otages de la Maison Blanche de l’année ?
Comme pour La Chute de la Maison Blanche, il ne faut vraiment pas s’attendre à des merveilles du côté de l’histoire. Celle d’un agent de sécurité qui, lors d’une visite avec sa fille de la Maison Blanche après un entretien d’embauche loupé, se retrouve en pleine prise d’otages et qui décide de sauver tout le monde, à commencer par le Président lui-même ! Youhou, et c’est parti pour les clichés pro-américains à gogo (patriotisme qui suinte à chaque seconde, le drapeau des Etats-Unis mis en évidence, les militaires qui se disent être les plis forts…). Le tout se montrant prévisible au possible. En même temps, avec un tel postulat et un réalisateur qui a pour habitude d’inonder son cinéma de détails favorables à l’américanisation, il fallait s’y attendre pleinement ! Comme pour La Chute de la Maison Blanche. Et pourtant, les deux films se montrent différents l’un de l’autre, et ce dans leur construction narrative.
Le film d’Antoine Fuqua allait droit au but, nous plongeant irrémédiablement dans le feu d’action, sans se soucier (du moins, pas pleinement) de la relation entre les personnages. De leur histoire. Avec White House Down, cette prise d’otages prend bien plus de temps pour présenter les protagonistes. De plus s’intéresser à leur rôle dans cette trame, même si les enjeux dramatiques n’ont aucune puissance (la fille détestant son père et qui trouve finalement un héros en lui parce qu’il risque sa vie, ce n’est pas nouveau !). Un script donc qui se risque plus à émouvoir quelques temps le spectateur. À vous de voir si vous voulez vous faire prendre au jeu, notamment avec toutes ces invraisemblances imbuvables (la fille fan de la Maison Blanche et de la politique, le Président qui se balade en baskets Jordan…). Mais ce qui est sûr, c’est le penchant de White House Down à vouloir divertir en surfant sur l’actualité (un Président noir et « cool », une menace venant de l’intérieur du pays…) et en se penchant vers la comédie contrairement à La Chute de la Maison Blanche. Un humour et une base scénaristique qui emprunte directement à la saga Die Hard (le héros au mauvais endroit au mauvais moment, John McClane devenant John Cale, ce dernier se battant vêtu d’un marcel blanc et balançant quelques répliques à l’humour pince-sans-rire…). Même si l’ensemble se montre bien, bien inférieur à un Die Hard (le 5 n’existe pas !!), se montrant parfois un peu débile, il y a suffisamment à faire pour divertir. Surtout avec un Président assez comique qui, par ses actions et réflexions, peut faire sourire.
Et s’il se montre moins énergique que La Chute de la Maison Blanche qui enchainait les séquences d’action sans temps mort, White House Down possède bien plus d’envergure que ce dernier. Par le biais de scènes moins nombreuses mais plus palpitantes, plus de moyens étant en jeu (150 millions contre 70 millions du film d’Antoine Fuqua). Un budget bien plus conséquent qui se voit notamment via les effets spéciaux, trop numérisés comme pour 2012, mais bien plus abordables que les immondices visuelles de La Chute de la Maison Blanche. Allant même (Independence Day oblige) faire s’écrouler le Capitole et crasher Air Force One. Le tout avec une mise en scène plutôt énergique, comme Emmerich sait si bien les faire. Les séquences étant accompagnées de musiques certes clichées et patriotiques mais qui se montrent entrainantes. C’est d’ailleurs ce qu’on retiendra de ce White House Down : du grand spectacle, de l’action, du divertissement. Ni plus, ni moins ! Le film remplissant amplement son cahier des charges.
Même si du côté de la distribution, le film ne propose pas une liste d’acteurs aussi renommés que Gerard Butler (pour l’action), Aaron Eckhart et Morgan Freeman. Ici nous avons droit à Channing Tatum (Sexy Dance et G.I. Joe qui commence seulement maintenant sa montée à Hollywood), Jamie Foxx (seul véritable star du film mais pas assez mis en valeur dans le film), Maggie Gyllenhaal (que le grand public connait seulement dans The Dark Knight), Richard Jenkins (« retraité » que l’on voit de plus en plus), Jason Clarke (adepte des seconds rôles de méchants) et James Woods (grand acteur dont le nom ne parle malheureusement pas aux néophytes). Des acteurs qui s’en sortent honorablement pour nous faire croire un minimum à cette rocambolesque prise d’otages. Même si l’on a déjà vu Tatum et Foxx dans de meilleurs rôles qu’ici.
La Chute de la Maison Blanche à de l’énergie, White House Down de l’envergure. Résultat du duel : match nul ! Les deux films, bien que rivaux, se compensent amplement et donnent autant de plaisir chacun de leur côté. Ce ne sont pas les blockbusters d’action du siècle (Volte/Face, Rock, la trilogie Jason Bourne, les 4 premiers Die Hard…) mais ils sont largement suffisants pour passer agréablement le temps. Les ratés de cette année (Le Dernier Rempart, Die Hard 5 et G.I. Joe 2 devraient prendre exemple sur eux !).