Blessé par l'echec commercial de son chef d'œuvre Anonymous, Roland Emmerich revient à ses premières armes : le film d'action patriotique. Ça pourrait être dévastateur, pour lui qui a mis tant d'années à se racheter une conduite après ID4, mais fort heureusement, il ne laisse pas l'amer constat que le public n'est pas prêt à la voir produire de bons films entraver sa soif de rédemption.
White House Down représente le bon versant de tout ce qui puait dans Independence Day, Godzilla et la fin du Patriote. Les ennemis sont des ultra-nationalistes de droite, les media ne sont plus des héros, le Président est un pacifiste, mais surtout agiter un drapeau prend un tout autre sens... Ces symboles malmenés vont lui coûter cher : face à des gros bras aux discours nauséeux comme Man of Steel et World War Z, son film fait un démarrage plus que timide sur le sol américain.
En 1996 John Carpenter s'était viandé au box office avec Escape from LA face à Independence Day pour le même genre de raisons. Et il est curieux de constater que les trois derniers films de Roland sont produits par Larry Franco, partenaire privilégié de Carpenter dans les années 80 ! Impossible dès lors d'invoquer la poisse pour expliquer l'absence de succès : l'idéologie en place depuis trop longtemps a eu raison des qualités du film.
White House Down n'a pourtant rien d'Escape from LA, il ne se revendique pas du pamphlet. C'est un Die Hard-like qui lorgne du côté de The Rock dans sa structure ( mais bien filmé ) et permet une dynamique de duo entre Jamie Foxx et Channing Tatum qui fait plaisir à voir. Ne tombant jamais à court de lieux à détruire, les deux compères se donnent à fond ! Face à eux, James Woods dans un nouveau numéro de cabotinage contrôlé achève de faire du film la réussite qu'il est.
Je crains d'aimer ce film plus que de raison car je le compare volontiers à ses ancêtres ratés plutôt qu'aux modèles du genre, mais quand on fait un si subtil hommage à Pierrot le Fou en tuant un des vilains avec une batterie d'explosifs autour de la tête on ne peut pas être foncièrement mauvais !