Le diable coule dans ses veines...
Réalisé en 2008 par un certain Dominic Murphy (qui n'avait réalisé que deux films documentaires et deux épisodes de série TV), ce film est passé quasiment inaperçu dans les circuits (alors qu'il est tout de même passé aux Festivals de Sundance et de Berlin en 2009 !), et il mérite clairement le coup d'oeil !
"White Lightnin'" s'intéresse au personnage de Jesco White, véritable personne vivant dans Les Rocheuses et reconnu comme étant l'un des plus grands danseurs de claquettes (le "clogging") du coin et qui, vivant dans un univers "white trash" bien crassou, essaie de faire surgir le diable au fin fond de son âme : Sniffant comme un sagouin depuis tout gamin l'essence, la peinture et des restes de shoots laissés par des bikers biturés, il alterne régulièrement les camps de redressement de plus en plus sévères, ce qui le rend d'autant plus dingue et violent... pour finalement terminer en asile psychiatrique jusqu'à l'âge adulte...
Le jeune Jesco White sort alors de l'asile après le meurtre de son père, le grand D. Ray White, qui lui a transmis son savoir du "clogging" ! Jesco va alors tenter de maintenir le diable au fond de lui grâce à cette danse qui va le rendre célèbre et lui faire connaître l'amour de sa vie, mais son passé morbide va reprendre très vite le dessus...
Pas vraiment l'histoire véritable de Jesco White (le bonhomme, toujours en vie, a même prêté sa voix pour GTA V !!!), "White Lightnin'" est un film très fort... et glauque !
On suit la déchéance assez brutale de Jesco White, où chaque événement heureux en compagnie de sa compagne (interprétée par Carrie Fisher : La Princesse Leïa de Star Wars, c'est elle !) est suivi d'une dérive allant de plus en plus mal pour son personnage ! Ses abus d'alcool, de drogues, la vengeance qui l'anime le transforment progressivement en monstre, dans un final où le personnage est dans un délire tellement intense qu'on n'est nous mêmes incapables de discerner la réalité de sa propre folie !
Eclairé de manière très désaturée (on croirait presque du Noir & Blanc), le film est entrecoupé de discours religieux apocalyptiques, ce qui crée une véritable tension durant tout le film ! La population dépeinte, des rednecks aux trognes pas possibles dignes des gros beaufs de "Massacre à la Tronçonneuse", "The Devil's Rejects" ou "Délivrance", apporte un caractère fascinant également, on a vraiment l'impression d'être dans une autre époque, un autre monde, où la crasse domine et l'alcool se boit plus que l'eau !
Le rôle principal, interprété par un Edward Hogg complètement taré, montre l'étendue de l'immense talent du jeune acteur, qui n'est pourtant aujourd'hui réduit qu'à de courts seconds rôles (reste sa prestation à la fin de la saison 2 de Misfits qui vaut également le détour !), espérons que l'avenir lui donnera la possibilité de jouer des rôles plus importants, à l'image du personnage de Matthew McConaughey dans la série "True Detective", qui a littéralement bluffé son monde avec le personnage de Rust !
Pour finir, IMPOSSIBLE de parler de "White Lightnin'" sans mentionner sa bande son, absolument incroyable ! Une B.O country rock furieuse, déchaînée, écrite par le diable lui même, chanté par le grand country man Hasil Adkins, gros taré qui a écrit plus de 7 000 morceaux et qui est réputé pour être consommateur régulier de vodka et de viande crue (il avait également des saucisses régulièrement dans les poches) ! Sa voix démoniaque est hallucinante et marque encore plus la folie de certains moments (notamment la scène de shoot à l'héroïne vers la fin, incroyable !)
Un film que je considère comme indispensable ! J'ai du le voir une petite dizaine de fois, chaque visionnage m'impressionne d'avantage, un véritable choc visuel ! Jamais gore, mais toujours glauque, morbide et malsain, ce film risque de marquer bon nombre d'entre vous !