Pas facile d'adapter à l'écran le livre de Don Delillo White Noise, roman phare du post-modernisme américain, dont le titre résume tout le postulat : tout est bruit dans la société de consommation, de communication, à l'heure où l'information est omniprésente, où s'entremêlent et se contredisent les médias en tous genres, dont tous les vecteurs se superposent jusqu'au vacarme, jusqu'à ce que l'image elle-même ne soit plus qu'une modalité d'écoute de cette ambiance ahurissante.
Adapter, donc, un bouquin qui place l'ouïe comme sens suprême pour appréhender la société moderne, ou post-moderne ou ultra-moderne (peu importe en fait), c'est un pari au mieux couillu au pire suicidaire.
Pour réussir ce pari, il fallait poser au moins trois conditions : respecter le symbolisme originel de l’œuvre, ne pas passer à coté de l'assimilation de l'Histoire à l'histoire et donc, bien entendu, faire appel aux sens pour que le spectateur puisse entendre à travers un perpétuel bruit de fond.
C'est sur ce dernier point que Noah Baumbach échoue le mieux.
Car si l'on comprend bien la volonté de parodier la société de consommation et de communication, ses simulacres et les insécurités fondamentales de ses contemporains, si l'on retrouve avec une certaine malice l'objectivation poussée à l'extrême des faits historiques, et si l'on perçoit la retranscription d'un flot continu de l'information jusqu'à la création d'un désordre communicationnel, le traitement est majoritairement visuel là où le roman parvenait à être bruyant !