Love & Hiss

Le sujet n'a pas grand chose de neuf au cinéma, puisque White Snake est loin d'être la première adaptation de la légende du serpent blanc.

Mais le film revêt cependant un sens loin d'être anodin aujourd'hui, dans le double mouvement de pénétration des marchés, entre les yeux de Chimène d'Hollywood en quête de nouveaux revenus et d'un Empire du Milieu qui tente de s'exporter et de s'essayer à son tour au soft power.

D'autant plus que White Snake se montre sacrément réussi, à quelques détails près dans l'évolution de certains de ses personnages principaux, parfois assez abrupte, il faut le reconnaître.

L'oeuvre est tout d'abord une réussite graphique incontestable dans le domaine de l'animation 3D. En effet, White Snake se montre tout simplement superbe dans ses décors, ceux, montagneux, s'inspirant des panoramas de la région du Hunan.

Réussite dans son action, aussi : qui émule tout d'abord l'énergie débridée des wu xia pian d'Ang Lee ou de Zhang Yimou, avant de verser complètement dans le fantastique traditionnel de la légende, que le film embrasse de manière pleine et entière. Si, sur cet aspect, vous vous êtes montré chagrin face à la culture de façade de Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, vous y trouverez avec White Snake l'antidote idéal.

Le reste se montre d'un classique inattaquable dans le second plan de sa domination d'une élite religieuse. Ou encore dans sa romance maudite à la Roméo et Juliette, qui se montrera à l'occasion plutôt émouvante. Et si l'on pourra peut être déplorer la présence d'un sidekick canin parlant, comme chez Disney, White Snake ne perd presque jamais de vue sa singularité et son essence légendaire, encore moins sa volonté de tous les instants de mettre en avant son sens du merveilleux, de la magie et du grand spectacle, empruntant avec un plaisir non feint au film de monstres.

Il sera intéressant de constater, par ailleurs, que l'oeuvre se montre beaucoup moins prude qu'à l'accoutumé en matière de chaleur et de contact, tout comme son démon renard des plus lascifs, délurés et polissons, qui semble faire le lien de la suite envisagée dans une scène post-générique énigmatique. Une nouvelle apparition qui ne sera pas pour déplaire, à l'évidence.

White Snake, en donnant à admirer sa splendeur graphique, installe un univers légendaire tout aussi intriguant que passionnant et se montre comme la première bonne surprise de l'année cinéma 2022.

Behind_the_Mask, Reptile wins !