C'est froid, c'est creux, austère, pompeux, d'une vide sobriété, glaciale comme les baffes que lance la mère à son fils en continu. Comme ses personnages, âmes sans vie, émotions sans chairs, vide de tout. Statues de glaces posées là pour le besoin d'un film, ne sachant rien faire d'autre que de déambuler pour des personnages sans empathie. La beauté de cette prostitué ne sauve rien au film, pas même la musique pourtant ô si sublime. Le spectateur s'égare dans une lenteur sans nom, qui est plus une lenteur molle qu'une réelle prise de temps. Peut-être peut-on y voir de la beauté dans cette mise en scène d'une sobriété inconcevable, mais voilà, c'est simple : je n'adhère pas. Ce n'est pas mon truc. Le vide, le manque total d'émotion, d'empathie, de psychologie, de vie, me laisse inerte, froide, comme peut-être les personnages du film.
Que vient faire là cet unique baiser entre deux hommes, complètement inattendu, qui arrive là comme un cheveux sur la soupe, inexplicable, avant comme après.
L'ennui alors, qui prend dès le début du film, lorsqu'on se demande si la chose que l'on va voir va s'enchaîner comme ça, de cette unique façon sans consistance, vide, sans cœur, sans vie. Il ne suffit pas à la caméra de nous laissez pendant un temps qui semble durer des éternités, sur le visage en gros plans des personnages qui se toisent, inexpressifs, mornes : aucune visibilité sur les visages, aucune expressions, alors pourquoi une lenteur qui s'égare et s'arrête sur des plans de visages inutiles ?
Même dans la parole tout est égarement, lassitude, mollesse, lenteur, inexpression. Si bien que l'on ne comprend plus rien, faute de tenir, car tenir est bien le mot si l'on veut avaler un ennui pareil.
Peut-être y a-t-il un unique plan, très beau, qui va avec une somptueuse musique : Whity, le personnage, est allongé dans un lit et tend des billets vers la prostitué en hors champs : "Je peux te payer si tu veux" dit-il. Et soudain, le personnage se fige comme une statue, le bras tendu, et la caméra tourne autour de lui, autour du lit, sur elle-même. Très beau plan, qui rappelle certain procédés chez Tarantino ou Scorsese. Mais à part cette minuscule lueur, il n'y a rien. Rien de rien, seulement une autéristé radicale et une musique sompteuse. C'est tout.
L'histoire s'égare aussi puisque le spectateur s'est déjà égaré depuis longtemps déjà. Alors on s'amuse à décrypter l'ennui, la mollesse, pour ensuite y écrire une critique. Il n'y a que ça à faire. Mais quelle force incommensurable de rester devant un tel film du début à la fin, seulement pour se forger un avis.
Ainsi, peut-être ne suis-je sûre que d'une chose : je crois que Fassbinder et moi, ça ne le fait pas du tout. Le deuxième film que je vois de lui, et déjà, avec Lili Marleen, il m'avait ennuyé au plus profond. La voix de l'actrice qui chante en continu la célèbre chanson, on n'en peut plus. Si bien qu'après, elle a du mal à nous sortir de la tête, la chanson.
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