Voilà un moment que les fans de ce film longtemps invisible nous chantent ses louanges sur le net ; on raconte même que des pétitions circulèrent afin que la bande sorte enfin en DVD.
"Une macédoine de tabous hollywoodiens, comprenant masturbation, inceste, mauvais traitements à enfant, travestisme et lesbianisme. Incroyablement merveilleux !", se réjouit un commentateur d'imdb, parmi une dizaine d'autres tout aussi exubérants. Dans The Psychotronic Encyclopedia of Film, Michael WELDON parle d'un "film de terreur téléphonique vraiment crasseux et obscène", tandis que les fans les plus enthousiastes y voient l'ancêtre de Taxi Driver et de Klute (à noter : le chef opérateur de ces deux films, Michael CHAPMAN, a également bossé sur la photo de Who Killed Teddy Bear, en qualité d'assistant...)Tourné dans les quartiers chauds du New York des sixties, dans des conditions qui évoquent le cinéma vérité et les premières oeuvres de CASSAVETES, le film nous raconte l'histoire de Norah Dain (Juliet PROWSE) et Lawrence Sherman (Sal MINEO), deux employés d'une discothèque tenue par une lesbienne. Lawrence est un jeune homme mal dans sa peau, affublé d'une soeur handicapée mentale, qu'il enferme dans un placard avant d'aller faire le tour des peep shows et des sex shops de la 42ème rue. Norah, pour sa part, reçoit des coups de fil anonymes particulièrement gratinés, et décide de faire appel à la police après que son harceleur lui ait laissé un ours en peluche décapité dans son appartement.
Le flic chargé de l'enquête, dont la femme a été violée et tuée quelques années plus tôt, prend l'affaire un peu trop à cœur, et s'avère aussi inquiétant que le pervers qu'il traque (il passe ses soirées à écouter des enregistrements d'appels téléphoniques émanant de maniaques sexuels, pendant que sa gamine essaie de s'endormir dans la chambre voisine).
Avec son climat délétère, son noir et blanc crapoteux, ses décors au réalisme sordide et sa déclinaison de déviances en tout genre, le film -- sans doute trop en avance sur son temps -- ne connut aucun succès à sa sortie.
De l'avis général, MINEO semble s'être beaucoup investi dans son personnage de jeune homme psychotique, voyeur (voisin de Norah, il l'observe dans son intimité au moyen d'un miroir particulièrement mal placé dans l'appartement de la demoiselle) et plus qu'ambigu sexuellement.
Curieusement, le rôle du flic est attribué à Jan MURRAY, acteur très populaire à l'époque, mais généralement cantonné au registre comique (très influencé par Jerry LEWIS), et animateur de shows télévisés. A découvrir donc, de toute urgence -- le DVD n'est pas encore disponible sur amazon, mais ça ne devrait tarder...
En attendant, patientons avec cet extrait de toute beauté, qui devrait combler les fans de MINEO -- ici en "mini bas".
Si c'est pas du cinéma queer, ça !...

HenriMesquidaJr
7
Écrit par

Créée

le 25 juil. 2017

Critique lue 316 fois

1 j'aime

HENRI MESQUIDA

Écrit par

Critique lue 316 fois

1

Du même critique

Jonas
HenriMesquidaJr
8

Critique de Jonas par HENRI MESQUIDA

Magnifique premier film d'un jeune réalisateur ultra talentueux et plein d'avenir. Je l'ai vu en avant première, les acteurs sont tous formidables et bien dirigés, le scénario est malin et tient en...

le 16 sept. 2018

10 j'aime

L'Œuvre au noir
HenriMesquidaJr
9

Critique de L'Œuvre au noir par HENRI MESQUIDA

Pour commencer, si vous avez l'intention de lire ce roman et que vos connaissances historiques sont faibles, il va vous falloir réviser. Je pense très sincèrement qu'il est indispensable de bien...

le 12 mars 2017

10 j'aime

2

Werewolf
HenriMesquidaJr
8

Critique de Werewolf par HENRI MESQUIDA

Attention pas de loup garou dans ce film qui n'est pas non plus un film d'horeur mais un drame psychologique. Nous sommes en 1945. La guerre vient de se terminer mais les premières semaines de paix...

le 2 oct. 2019

9 j'aime