Vous avez peut-être déjà vu cette vidéo Youtube qui tourne depuis pas mal d’année nous présentant une cascade complètement folle dans laquelle une jeep et ses deux passagers tombent d’un haut ravin et où la voiture explose en plein vol, immolant un des deux cascadeurs avant qu’il ne tombe plusieurs dizaines de mètres dans l’eau d’une rivière. Eh bien cette scène provient de Whore and Policewoman, petite production hongkongaise assez obscure tournée en Thaïlande, dernier film du réalisateur Huang Kuo-Chu, plus connu en tant qu’acteur et chorégraphe dans les années 7° (28 films à son actif durant cette période). Oui, Whore and Policewoman, tout un programme n’est-ce pas ? D’autant plus que le film a écopé d’une classification Cat III à Hong Kong (interdit au moins de 18 ans), de quoi ravir tous les amateurs de cinéma extrême made in Hong Kong n’est-ce pas ? Une chose est sûre, c’est que Whore and Policewoman (putain mais quel titre !) est, à l’inverse de pas mal de films de seconde voire troisième zone de la même époque, plutôt regardable.


Whore and Policewoman commence par une femme qui est attachée à un lit et avec un homme qui la fouette en laissant sur son corps des marques sanglantes qu’il se met ensuite à lécher. Et comme si cela ne suffisait pas, il sort un énorme serpent et le laisse gesticuler sur le corps de sa victime qui, forcément, se met à paniquer. Mais c’est en quelques sorte pour nous tromper et le métrage va changer par la suite de direction. Bien qu’il soit estampillé Cat III donc, il n’y a au final qu’un peu de nudité très très légère et un viol ni voyeur ni explicite contrairement à ce qu’on a pu voir dans bon nombre de Cat III de cette époque qui allaient bien plus dans le craspec. Passée cette introduction, Whore and Policewoman se transforme en bobine d’action façon Girls with Guns comme il en sortait plein au début des années 90, mais en bien moins connu que les classiques du genre. Le casting est plutôt bon, avec entre autres un Charlie Cho qui, comme à son habitude, joue une raclure de première. Le duo d’actrices principales, Julia Cheng et Michiko Nishiwaki, s’investit autant que possible, bien que Julia Cheng tombe souvent dans le surjeu, et elles font que malgré un scénario classique, un schéma déjà vu (deux personnes qui ont des différents vont finir par devenir amis), ou encore des trous dans l’intrigue, leur duo fonctionne plutôt bien et le film avance sans qu’on ne s’ennuie (ou alors pas longtemps) ou qu’on ait envie d’arrêter le visionnage. Whore and Policewoman est plutôt rythmé, avec pas mal d’action, et surtout de l’action étonnamment bonne. Les cascades sont dangereuses, pour ne pas dire complétement inconsciente comme celle citée en introduction ou encore le faut d’un train en marche, des cascades qu’on imagine à peine préparées avec le minimum de protection tant les tournages de ce genre de bobines un peu obscures étaient souvent faits à la va-vite.


Les gunfights restent très plan-plan, mais les scènes martiales sont d’un plutôt bon niveau, certes sans égaler les ténors du genre, mais avec des articles martiaux qui se donnent et des cascadeurs qui en prennent plein les dents. Michiko Nishiwaki semble toujours aussi puissantes avec ses jambes et on regrette qu’elle disparaisse des radars au bout d’un moment (à cause d’une blessure ?). En effet, pour le final, elle est remplacée inexplicablement par une actrice inconnue au bataillon. Néanmoins, le film nous donne l’occasion de, une fois de plus, admirer ses prouesses martiales qui, bien que pas forcément toujours bien mises en scène ici, font qu’on apprécie le visionnage. Le réalisateur n’arrive malheureusement pas à insuffler à son film toute la puissance émotionnelle que devrait avoir ce genre vengeance, la faute entre autres à des scènes qui finissent de manière un peu trop abrupte à l’instar du combat final qui s’achève par une arrestation là où on aurait préféré une vraie punition physique bien brutale. Il rajoute à son film des touches d’humour qui ne font que désamorcer le propos et le film aurait eu bien plus d’impact s’il avait gardé la noirceur de son propos. Malgré tout, certaines scènes sortent du lot comme ce moment où le personnage de Nancy, blessé, va se faire violer par quatre hommes et que celui de May demande à prendre sa place pour sauver son ami et qu’elle conjure à Nancy, alors que les 4 hommes font leur affaire, de se sauver rapidement. En fin de compte, Whore and Policewoman est un film assez décent. Tout ne fonctionne pas mais certaines choses fonctionnent mieux que prévu, et avec son rythme suffisant pour s’assurer que le spectateur ne s’ennuie pas, nous sommes dans une petite production certes obscure mais recommandable.


Sorte de buddy movie féminin à mi-chemin entre le girls with guns et le catégorie 3, Whore and Policewoman est divertissant de bout en bout, avec une cascade proprement hallucinante et une Michiko Nishiwaki qu’on prend plaisir à voir distribuer des tatanes.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-whore-and-policewoman-de-huang-kuo-chu-1993/

cherycok
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le 16 oct. 2024

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