Why so serious ?
Je pensais qu'avec Love exposure, j'avais vu un bel aspect du côté déjanté et décalé de Sono Sion, réalisateur que j'apprécie de plus en plus. Malgré le synopsys de Why don't you play in hell, qui...
le 27 mars 2014
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[Critique originellement publiée en anglais pour une publication norvégienne]
J'ai toujours pensé qu'il y avait quelque chose de magique dans les films de Sion Sono. Il a un don pour vous mettre dans un état d'esprit donné.
Jamais vous n'êtes prêt à voir ce qu'il vous montre : il faut du temps pour rentrer dans son univers. Et effectivement, en lançant Why Don't You Play in Hell?, la seule réaction possible est précisément : "What the Hell is that ?" Tout semble outrancier, excessif. Cela fait se sentir mal à l'aise, peut-être même un peu honteux. Mais un peu de patience, et vous comprendrez. Vous comprendrez qu'il ne s'agit pas là d'un film, mais d'un univers, d'une alchimie qui synthétise la créativité. Vous qui entrez ici, abandonnez tout préjugé.
Alors, si Sion Sono sait influencer votre humeur, qu'en est-il de Why Don't You Play in Hell? Je dirais que c'est de la jubilation pure. Alors que ses précédents travaux étaient plus sérieux et plus durs, marqués par les évènements de Fukushima (Himizu, The Land of Hope), l'on a le sentiment qu'il a rouvert les vannes et donné libre cours à sa folie dans ce délire d'action-comédie. Why Don't You Play in Hell? est une explosion de légèreté. C'est dynamique, drôle, absurde. Il n'y a rien à prendre au sérieux, à commencer par ces effets spéciaux "made in Japan" qui ne peuvent que faire sourire.
L'interprétation des acteurs peut déstabiliser, également. C'est surjoué, largement surjoué, mais m'est avis que c'est l'ingrédient secret de la recette de Sion Sono. Une fois que l'on s'y est accoutumé, on est transporté au même niveau émotionnel que les personnages : c'est-à-dire, bien trop intense pour être vrai. Alors certes, c'est perturbant sur le coup, mais par ce biais le film transmet son dynamisme et sa spontanéité. Une fois que l'on a accepté d'être troublé, on est prêt à plonger dans une expérience vivifiante.
J'ai entendu un jour Stéphane du Mesnildot, des Cahiers du Cinéma, appeler Sion Sono un "cinéaste de l'énergie". J'approuve sans réserve. Et de fait, même si Why Don't You Play in Hell? est très différent des films sur Fukushima qui l'on précédé, et présente certaines ressemblances avec Tarantino (dont je ne suis pourtant pas adepte à titre personnel), c'est typique du réalisateur japonais. Tout n'est que jaillissement, du faux sang aux rires, sans laisser une seconde de répit. Ce n'est rien à quoi l'on soit accoutumé.
C'est néanmoins pourquoi, bien que je puisse faire l'éloge de ce film pendant des heures, je dois vous prévenir : ce n'est pas un film à mettre entre toutes les mains. Il faut être prêt à s'apercevoir qu'on ne l'est pas.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Films, 30 Day Movie Challenge, Les films qui rendent heureux, Top Sion Sono et Les meilleurs films japonais
Créée
le 14 août 2014
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