Film adapté d'un animé que je n'ai pas vu.
Adapté lui même d'un manga, que je n'ai pas lu.
Adapté quand à lui d'un roman, que je n'ai pas lu non plus.
En gros, je suis un néophyte total de l'univers du film, et je vais en parler tel quel. Comme d'une œuvre indépendante.


Je vais même placer dès le début que même si l'ambiance et le style ont un côté assez japonais (les œuvres de base le sont), pour moi The Wicked City le film live est un pur produit HK.
Et un exceptionnel.


Oui, j'ai adoré. Je m'attendais à un petit nanar purement dans le too much, et c'est finalement aussi vrai que faux.
Le film pousse son délire et ses idées à l'extrême. C'est complètement dingue et le too-much est plus que présent. Et c'est génial !


Le scénario de base est assez plat (sur le papier du moins).
Les gentils contre les méchants, qui sont des monstres. Et qui s'appellent "les monstres".
Les monstres sont méchants, et les gentils sont gentils, alors ils tuent les méchants, qui sont des monstres. Mouais...


En vrai le début du film ne vole pas franchement haut, même si visuellement on repère vite que ça va être grandiose.


Très vite, le scénario change de direction et nous présente différent twist qui nous indique que les monstres ne sont finalement pas tous foncièrement mauvais, et fais rapidement état d'une forme de guerre raciale sous fond de préjugé et de crainte l'un de l'autre.
Et même si ça aussi c'est assez convenu, le simple fait de rendre gentil des creatures hideuses et monstrueuses, c'est franchement couillu et honorable. Et le pire, c'est que ça fonctionne.
Le revirement des rôles alors que le film installait un manichéisme évident au début, c'est super. Vraiment.


Le film arrive à nous mener gentillement par le bout du nez, à nous mentir et à nous inciter à détester tel personnage, pour nous dire de l'adorer plus tard. Et on se plie au jeu sans même s'en rendre compte. Ça fonctionne terriblement bien.


Il faut dire que les acteurs sont top. Jackie Cheung qui sait parfaitement jouer des rôles plus tempérés et plus graves (contrairement à ce que disent ses détracteurs).
Leon Lai (avec qui j'ai du mal la plupart du temps) mais qui est ici ultra convaincant dans son rôle.


Des rôles d'agent secret aux dégaines d'intello, bossant dans une organisation ultra propre sur elle, dirigée par un odieux Yuen Woo Ping (putain c'est génial).


Et en grand méchant on a un Roy Cheung diabolique, pervers, et cabotinant comme jamais (à raison, ça marche). Ainsi qu'un femme (j'sais pas qui) qui gueule sans arrêt en gemissant et qui peut se transformer en tout et n'importe quoi.
Ces 2 méchants géniaux offrent des scènes absolument surréalistes et cauchemardesques, d'un niveau rarement atteint dans ce genre de film.


L'ambiance de façon générale est absolument parfaite. Notamment grâce à une mise en scène impeccable, sûrement une des meilleures du genre.
Une ambiance sonore ultra bien fichue aussi. Souvent discrète mais forcément bien oppressante durant les moments difficiles, elle aide à rendre les scènes malsaines encore plus efficaces. Et les scènes romantiques sont également plus poétiques (et souvent cruelles) grâce aux jolies musiques du film.
En bref, une ambiance générale juste top, une maîtrise totale et incontestable.


C'est une sorte de Cyberpunk très réaliste finalement.
Pas si futuriste, mais très imagée en même temps.
C'est brumeux, poisseux, sombre, oppressant. Le tout baigne dans une lumière absolument pas naturelle, les éléments du décor sont dis tordus, sales, dégoulinants...
Même les scenes d'intérieur ont ce côté répugnant et angoissant.
Les salles de réception, gothique à souhait.
Les piscines, glaciales et glaçantes.
Même une scène de 2min dans une cuisine réussit à nous dépeindre un décor dégoûtant, organique et malsain.


Tellement de bonnes idées dans ce film pourtant un pur produit de série B en aparrence.
Des idées formelles, du genre des scènes de sexes détournées, toujours ultra bien pensées et surréalistes.
Un symbolisme présent mais jamais trop forcé, que ce soit le temps, le sexe on a dit, l'identité, le bien et le mal...
Un chouette triangle amoureux, malin et porteur d'un message, sans jamais tomber dans le cliché et le convenu.
Des personnages franchement bien écrits, tout en nuance..
Une œuvre finalement bien plus intelligente et profonde qu'elle n'en a l'air !


Et enfin arrive le final. Explosion totale.
Un immeuble qui fait des éclairs. Des lumières partout et terrifiantes. Un ascenseur humain. Une moto (humaine aussi ?). Un avion ! Un poulpe ?
Une expérience folle, jouissive, barrée mais pas conne... Juste super final à l'image du film.


On regrettera malgré tout un Jackie Cheung qui repart hélas dans un cabotinage assez déroutant durant ce final (même si ça s'explique en réalité).


Petit autre bémol pour Michelle Reis, que je trouve assez peu convaincante en femme fatale (ses rôles de jeunes filles maladroites et naïves lui vont mieux à mon sens).


Un film qui ne plaira pas à tout le monde c'est évident.
Un film qui paraît brouillon, bordélique et sans subtilité (à la Nam Nai Choi) mais avec un fantastique ton romantique, mélancolique et presque iconoclaste.


Génial que de s'attendre à un pur produit d'exploitation bébête et de se retrouver devant une petite perle.

Sacré_vandale

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