Un jour avec une fin (et des marmottes)

Ce court-métrage commence comme une comédie romantique, avant de virer au film d'horreur traversé de scènes vraiment drôles. Les ruptures de ton se font en douceur tout en surprenant le spectateur, grâce à la musique et aux bruitages. Pas une parole ne sera prononcée durant les 6 minutes.


Ce film muet raconte donc les mésaventures d'un jeune couple d'amoureux lors d'un séjour en montagne. Tout se passe bien dans le meilleur des mondes jusqu'à ce qu'un selfie se transforme involontairement en meurtre. En-effet, un bâton de randonnée mal accroché dans leur sac va tomber pour se fracasser quelques mètres plus bas et tuer une marmotte. Il n'en faudra pas plus pour déchaîner ses compères, qui crient vengeance.


Le caractère absurde et tragique de Wild Love provient des changements de tonalité du récit. Les réalisateurs et réalisatrices ont également une apparente facilité à créer des ambiances. On ne sait jamais à quoi s'attendre. L'atmosphère est posée, lors de la première scène, printanière, les couleurs bleues vertes sont vives, la musique roucoule, l'amour règne. On va très vite basculer dans un monde souterrain, gris brun, brumeux, où le sang va couler, goutte-à-goutte, en évitant toutefois le glauque et le gore via l'humour.


Comme dans beaucoup de films d'horreur, c'est principalement le travail sur le hors-champ, le son et les bruitages qui est à féliciter. Le caractère horrifique du film est cependant contrebalancé par l'absurdité des situations, l'inventivité de l'attaque rocambolesque du camp des jeunes tourtereaux par le groupe de marmottes et l'air un peu débile (mais flippant) de certaines d'entre elles.


Même si on peut sembler heureux dans notre vie, le court-métrage nous rappelle qu'il suffirait d'un rien du tout pour que notre conte de fée se transforme en film d'horreur (à l'image de la catastrophe écologique qui nous pend au nez ?). Dans ces moments-là, toutes les valeurs disparaissent, l'être humain devient lâche, l'état de nature revient, la civilisation s'effondre. Retour au chacun pour soi. Un conseil : Évitez autant que possible de croiser les pas d'un groupement de marmottes.

Cambroa
8
Écrit par

Créée

le 1 oct. 2021

Critique lue 221 fois

3 j'aime

Cambroa

Écrit par

Critique lue 221 fois

3

Du même critique

It's A Sin
Cambroa
8

"It was so much fun", c'est ce que les gens oublient

It's A Sin nous embarque dans l'Angleterre des années 80, ravagées par le sida, l'homophobie et la politique de droite de Thatcher. Des jeunes arrivent à Londres, prêts à profiter des joies de la...

le 20 mars 2021

39 j'aime

1

Hamilton
Cambroa
9

Ce rêve bleu, un nouveau monde en couleurs

C'est une captation vidéo d'un spectacle vivant comme je n'en ai jamais vue. Dès les premières secondes, nous sommes happés par l'énergie insensée des comédiens et le rythme tournoyant d'Hamilton...

le 2 août 2020

22 j'aime

Au pan coupé
Cambroa
9

Pourquoi vivre ?

Et comment vivre ? Jean ne le sait pas. Il aime Jeanne, enfin le pense-t-il, et Jeanne l'aime en retour. Il se pose beaucoup de questions. C'est un jeune, dans les années 60, mais cela pourrait être...

le 31 janv. 2021

10 j'aime