Prendre une figure emblématique de la littérature et des programmes jeunesse pour en faire un psychopathe de film d'horreur est une idée assez amusante. Encore bien sûr faut-il dépasser l'argument de départ pour que le concept ne tourne pas à vide comme un vulgaire teasing publicitaire et attrapes nigauds. Le britannique Rhys-Frake-Waterfield s'attaque donc à Winnie L'Ourson mais le résultat est plus proche de la boursouflure idiote que de la subversion intelligente.
Winnie et ses copains vivent toujours dans la forêt bleu mais après que ce brave Jean-Christophe soit parti à l'université ils se retrouvent incapables de se nourrir et se débrouiller seuls . Du coup ils vont finir par bouffer Bourriquet, se scinder en deux et détester les hommes au point de les exterminer comme des psychopathe échappés d'un survival crasseux.
On va commencer par les quelques points positifs du film avec tout d'abord son introduction très graphique en animation tout en noir et blanc qui est plutôt réussie. Ensuite le film est plutôt gore et méchant et l'on sent que le réalisateur voulait marquer un fort contraste entre l'image que l'on a tous collectivement quand on évoque Winnie et Porcinet et les deux tueurs brutaux et sans pitié qu'il sont devenus. Bien qu'un peu atténué par un rendu numérique parfois trop visible on ne va pas bouder son plaisir de voir des têtes écrasées , des visages arrachées et des grands coups de masse dans la gueule. Malheureusement une fois que l'on a dit ça et bien on a fait le tour des maigres qualités du film.
Tout d'abord si Rhys-Frake-Waterfield a décidé de dénaturé l'image de Winnie The Poo c'est que l’œuvre littéraire de Alan Alexander Mine est tombé dans le domaine public en 2022 et que courageux mais pas téméraire le réalisateur pouvait ainsi s'écarter de l'image de l'ourson imprimé sur des générations par tonton Walt. Vous ne verrez donc pas Winnie se balader le cul à l'air avec son célèbre tee-shirt rouge et Porcinet ressemble plus à un sinistre phacochère qu'à un mignon cochon tout rose, comme ça aucun risque d'exciter les avocats de Disney avec un film un tant soit peu subversif. Pire encore les deux figures seront à peine exploitées durant tout le film et l'on a juste la sensation de voir deux bon gros cinglés échappés d'un Détour Mortel qui feraient les cons avec des masques d'animaux sur la tronche après une overdose de cartoons pour gamins. Car ils sont tellement peu expressifs nos deux personnages que pratiquement jamais on a la sensation d'avoir de véritable ourson et cochon sur l'écran. Passe encore que l'idée abrasive ne soit qu'un leurre pour gogos mais Winnie The Poo Blood And Honey s'avère être un slasher mâtiné de survival d'une paresses d'écriture assez consternante laissant croire que toutes les forces intellectuelles du projet ce sont éteintes après avoir craché un concept qui devait se suffire à lui même. Nous aurons donc droit à une bande de copines insipides qui viennent passer un week-end dans une grande baraque isolée pour soigner les traumas psychologiques de l'une d'entre elle. A part la final girl vaguement écrite à la truelle les autres filles ne sont que des clichés sur pattes et de pauvres créatures désincarnées qui attendent en gesticulant de servir de victime à Pepa Pig et Petit Ours Brun. Si c'est susceptible de vous faire marrer vous aurez une bombasse superficielle qui fait des selfies dans un jacuzzi, Porcinet qui fait du vélo pour alimenter son repère en électricité, Winnie qui chiale tellement Jean-Christophe il est trop méchant, des bouseux qui veulent mettre une trempe à un ours en salopette … consternant. Il n-y a pas une once de subversion et de discours un tant soit peu critique dans Winnie The Poo Blood And Honey juste du vide ériger en produit périssable pour spectateurs peu regardant. Et quand je vois que certain s'excite sur ce film insipide en croyant y déceler une charge contre le wokisme et la cancel culture j'ai juste envie de pleurer, car le plus triste c'est finalement qu'une telle ineptie cinématographique soit défendue au seul titre de son concept faussement subversif.
Si une idée à la con suffisait à faire film fun ça se saurait depuis longtemps. En attendant un Oui-Oui dépressif écrasant des gosses dans son taxi jaune, Dora l'exploratrice buttant des indigènes dans un rape and revenge, les Teletubies façon drug d'Orange Mécanique, Franklin dans Cannibal Holocaust et T'Choupi dans une production Marc Dorcel fuyez ce Winnie The Poo Blood And Honey faussement provoc et vraiment très con.