Au pays du sang et du miel

Bon, on n'avait même pas pris le temps de noter et encore moins de pondre une critique sur le premier film tant, hormis son idée de base et le prologue animé qui la développait de façon amusante (le sort de Bourriquet, haha !), il se résumait à un slasher médiocre, fauché, sans inspiration et produit à la va-vite uniquement pour profiter des droits de l'oeuvre d'Alan Alexander Milne tombés dans le domaine public. L'objectif d'un Winnie l'ourson en mode horreur était clairement d'engranger un maximum de pots de miel remplis de dollars à moindre coût et effort...

Et ça a évidemment marché puisque nous revoilà à peine un an plus tard avec une suite au budget cette fois plus conséquent et potentiellement plus ambitieuse puisque ces deux films sont en réalité le point de départ d'une franchise "Pooh-verse" regroupant d'autres figures de conte détournées de la même façon (Bambi, Pinocchio, Cendrillon, Peter Pan & co vont y passer), où chacune aura son film avant d'être toutes regroupées dans un même long-métrage en mode "Avengers" de fée sanglant.

En ne pouvant pas faire pire que le premier (ça aurait été difficile), "Winnie-the-Pooh: Blood & Honey 2" est forcément un peu meilleur mais il est encore à des années-lumières d'être un bon film.

On saluera évidemment le fait que la majeure partie du budget soit allée dans des effets gores bien plus convaincants et généreux que le film précédent (le sadisme de Winnie et ses amis éclabousse très souvent les quatre coins de l'écran, c'est un fait, notamment dans leur nette propension à exploser des têtes d'humains par tous les moyens) ou que les scénaristes se soient un peu plus démenés pour offrir une intrigue de thriller psychologique cherchant à approcher "rationnellement" l'existence de ces créatures de la Forêt des Rêves Bleus (qui ne riment forcément à rien par leur allure collective ou leur présence dans notre monde).

Mais ça reste peu, trop peu, surtout que, sur le deuxième point, le film s'embarque sur un parallèle traumatique entre Winnie/Christophe à chaque fois plus prévisible dès qu'il laisse transparaître quelques indices sur sa nature. Et, même si les moyens ont été revus à la hausse, "Winnie-the-Pooh: Blood & Honey" ne parvient pas à se débarrasser de son caractère de production cheap, pas aidé par un aspect formel certes un poil moins amateur mais terriblement conventionnel, des idées de costumes toujours au rabais malgré quelques améliorations (celui de Tigrou passe en fermant un oeil mais celui de Maître Hibou est une catastrophe, digne d'une ébauche abandonnée d'un Creeper de série Z), des personnages transparents, des acteurs aussi oubliables que les dialogues téléphonés qu'ils débitent...

Bref, il y a du mieux mais l'idée de transformer Winnie l'Ourson en ours assoiffé de sang au lieu de miel, tellement fun sur le papier, a juste dépassé le stade calamiteux du premier film pour un autre à peine supérieur, où seul l'afflux de billets verts et de gore plus graphiquement prononcé parviennent à faire déployer les ailes de Maître Hibou ou faire des bonds à Tigrou dans ce deuxième film.

Il est probable que notre esprit tordu nous amène à croiser Bambi ou Peter Pan en mode bourreau dans les prochains longs-métrages de cette néo-franchise (et Coco Lapin va enfin montrer ses oreilles dans un probable "Winnie-the-Pooh: Blood & Honey 3", on ne manquera pas ça !) mais il y a fort à parier que ce qui va en résulter en reste à des finalités aussi pauvres qu'opportunistes.