Il n’y a qu’un mot correct pour désigner ce film : British ! Du début à la fin, jamais Anthony Asquith ne se départira de sa ligne de conduite en ce domaine. Le film a fait l’objet d’un remake plutôt pâle signé David Mamet en 1999… oublions-le pour rester sur ce délicieux exemple de dignité et d’humour joints dans la plus noble cause qui soit : celle de la recherche du Bien. Un honnête homme aux principes aussi rigides que sa moustache, fraîchement retraité et pourvu d’une épouse respectable et de trois enfants, engage toute sa fortune pour défendre l’honneur de son fils, injustement renvoyé de l’École Navale pour un vol qu’il n’a pas commis. Sir Cedric Hardwicke est parfait dans le rôle de ce père digne et intègre. Signalons de plus que sa fille (délicieuse Margaret Leighton) perd au passage son bonheur factice puisque l’imbécile qui devait l’épouser cède aux pressions de son non moins imbécile de père et rompt son engagement au prétexte que cette affaire risque de compromettre sa réputation. C’est le brillant Robert Donat qui prête tout son talent au rôle de sir Robert, avocat prestigieux qui accepte de défendre cette « cause perdue d’avance »… Je n’en dirai pas plus sur l’intrigue. La mise en scène d’Anthony Asquith est un modèle d’équilibre et de construction dramatique jusqu’à l’issue du procès. Les sentiments – dans la grande tradition britannique – ne sont jamais exposés mais seulement suggérés, spécialement dans la scène finale, exquis mélange de pudeur et d’ingéniosité. Un film totalement méconnu mais peut-être le meilleur de son auteur, fils de premier ministre, qui laisse là parler tout son cœur en même temps que son talent.