Un documentaire poignant.
J'ai rarement vu un documentaire aussi violent et choquant. La réalité des images prend aux tripes, et le spectateur assiste pendant plus d'une heure trente à ce qui ressemble à une véritable guerre civile. D'un côté, des manifestants ukrainiens pro-européen de tous bords sociaux, toutes religions, tous horizons, de l'autre la police militaire du gouvernement pro-russe du président Ianoukovitch. Cette révolution plutôt récente (2014) permet d'avoir énormément d'images d'archives amateurs ou de journalistes sur place ce qui donne lieu à une réelle immersion dans cet univers glaçant. Les manifestants s'organisent face à une police de plus répréssive et l'escalade de la violence est particulièrement bien rapportée.
Quelques points noirs viennent assombrir le tableau.
Le contexte. Devant Winter on Fire on est très vite plongé dans un monde qu'on ne connait pas, ou très peu du fait des récents évènements actuels, et ce contexte est trop rapidement exposé, le documentaire se contente de 10 petites minutes en introduction pour nous plonger dans ce conflit national majeur. Il aurait fallu remonter un temps en arrière, pour permettre d'avoir toutes les clefs de compréhension face à une situation aussi chaotique.
Pourquoi une partie du peuple ukrainien décide de se dresser tout à coup contre la Russie pour se tourner vers l'Europe ?
Est ce qu'une part de la population était contre ces manifestations ?
Comment le gouvernement réagissait face à une telle escalade de la violence ? N'y a-t-il eu personne au niveau politique pour faire face à ce fiasco ?
L'absence de réponses à ces questions est justifiée par le fait que le documentaire se concentre plus globalement sur la violence des affrontements en se contentant de résumer grossièrement le fond de l'affaire : les "méchants CRS ukrainiens" évidemment pro-régime contre une frange de la population luttant pour faire entendre sa voix et se rapprocher de l'Europe.
Finalement le documentaire manque de temps pour tout exposer et fait le choix de privilégier la forme au détriment du fond mais c'est ce qui le rend aussi spectaculaire.