Winter Sleep, la palme d'or de Cannes 2014, donc forcement un film que je devais voir, cependant 3h15 de film j'avais peur, vraiment peur de tomber sur un truc ultra chiant mais en même temps j'avais envie et au fond j’espérais aimer, quand on voit l'affiche du film avec toutes ces critiques: "Un pur chef-d'oeuvre, Un choc, Inoubliable, Une splendeur" et j'en passe, ça donne vraiment envie d'aimer quand même, on se dit que ce serait ballot d'être le seul à ne pas aimer, et bien je ne ferais pas parti de ceux qui n'aime pas, j'ai vraiment été fasciné par ce film, 3h15 passionnante, au vu du synopsis je m'attendais à une énorme discutions entre trois personnes dans un hôtel où la neige a tout bloqué et finalement ça n'est pas ça du tout et j'en suis justement plus heureux.
On suit Aydın, un comédien à la retraite qui a reprit l’hôtel de son père, un magnifique hôtel, follement atypique, incrusté dans la roche, un lieu vraiment magique en pleine Anatolie centrale, il y réside avec son épouse Nihal plus jeune que lui avec qui il n'a plus beaucoup d'affinité, elle reste avec lui par sécurité mais au fond le méprise affreusement, la sœur d'Aydin, Necla, vit également avec eux, elle les a rejoint à cause de son récent divorce qui l'affecte encore beaucoup, tout du long de ce film nous allons suivre leurs discordes, leurs disputes, et puis comme si bien dit dans le résumé leurs déchirements, au final c'est un film fabuleusement humain, les personnages sont vrais, c'est de la psychologie à 200%, un réalisme transcendant qui pourrait nous faire croire à un documentaire, c'est vraiment bluffant, les personnages sont écrits avec un tel soin, un tel réalisme, certaines fois on a faire à des discutions de plus de vingt minutes et je ne rigole pas, c'est un film extrêmement lent qui repose uniquement sur les dialogues, des dialogues très très long mais passionnant, si vous êtes là uniquement pour contempler le paysage c'est pas la peine, vous serez complètement passé à coté du sujet, un sujet fort et quelque part très intense, voir un frère et une sœur se bouffer le nez pendant une demi-heure c'est quand même quelque chose, ça n'a rien de facile, ce film n'est vraiment pas facile et c'est ça qui le rend passionnant.

Un film porté par des dialogues certes mais les dialogues faut bien qu'ils soit joués, et franchement je dois dire que ces acteurs turques qui me sont complètement inconnus sont époustouflants, si criant de vérité, je n'ai vu aucune fausse note, j'ai même cru à une caméra cachée tellement ils sont parfait, non mais sans rire, j'ai rarement vu aussi intense et vrai comme jeux d'acteurs, j'ai même envie de dire stupéfiant, Haluk Bilginer en tête, impressionnant du début à la fin, jamais un seul moment de répit, d'autant plus que nombreux sont les plans séquences, des plans séquences fixes qui se passent la plupart du temps dans une pièce ou seul le dialogue est maître, il m'est arrivé que dans un plan séquence je me dise plusieurs fois "Euh mais c'est encore en plan seq là ? Sans déconner !", ils sont vraiment bluffants ces moments, c'est évidement du au casting, Melisa Sözen qui incarne la femme et Demet Akbağ qui joue la sœur sont également uniques, et je pourrais citer encore tout le casting car il n'y a aucun mauvais acteur ou même moins bon, ils sont vraiment tous tous tous justes, je le répète je suis désolé mais c'est vraiment quelque chose que je retiens, ils sont tous grandioses.

Histoire psychologique passionnante, casting d'une perfection absolue, mais que faut t'il d'autre, ah oui bon la réalisation évidement, j'ai déjà parlé des plans séquences mais que dire de la réalisation en elle même, la plupart du temps en plan fixe elle est merveilleuse, un cadrage sublime porté par une photographie d'une rare beauté et d'une rare netteté, une photographie qui prend toute son importance quand on se retrouve face à cette Anatolie enneigés, la neige arrive que très tard dans le film et pourtant elle tient une place importante visuellement, mais avant qu'elle n'arrive les décors sont également superbes, le sable, l’hôtel incrusté dans la roche, c'est magnifiques mais c'est vraiment une fois que la neige arrive que les décors prennent toute leur magie, c'est typiquement le genre de film à voir en haute définition, que ce soit en extérieure ou en intérieur on ne peut voir ce film en DVD, la froideur de la neige ou la chaleur de la cheminée à l'intérieur ça se ressent à travers l'image c'est juste exceptionnel, en regardant les scènes d'intérieurs, qu'il pleuve ou qu'il neige je me mettais à la place des personnages, je m'imaginais assis là en pleine nuit dans cette pièce sombre à voir la neige tomber derrière la fenêtre, je ressentais le froid et en même temps la chaleur de la pièce, c'est pour dire à quel point la mise en scène est remarquable, un boulot réalisé avec passion et très grand soin, tout est pensé et rien n'est laissé au hasard.

Nuri Bilge Ceylan est décidément un réalisateur de plus à ajouter à ma liste, après avoir vu un tel monument je suis obligé de voir ses autres films.

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le 2 sept. 2014

Critique lue 512 fois

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MC™

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