Si Wish est ennuyeux pour certains, pour moi il est fascinant car je me demande comment ils ont pu réussir à rater un tel projet, qui, sur le papier ne semblait pas si mal. L'idée était de rendre hommage aux 100 ans des studios Disney, avec un film qui rend hommage au Disney des origines : un conte de fée, en 2D, avec toute une thématique autour des voeux et s'inspirant de la chanson titre : "When you wish uppon a star." Le tout chapotté par l'équipe qui a fait la Reine des Neiges (et sa suite.)
Un projet génial sur le papier, qui accouche d'un produit fini qui oscille entre le "pas ouf" et le "raté."Et je vais directement aborder le problème du visuel. L'idée était de revenir au style 2D, mais les derniers studio à en faire on fermés il y a dix ans après avoir produit la version 2011 de Winnie L'Ourson. Pas de soucis, on va faire de l'effet 2D sur de la 3D, après tout c'est le truc à la mode, ça a marché sur Klaus, ça marche sur Le Chat Potté 2 et tous les films sortis après...
Sauf que ça fonctionne pas ici. On a l'impression d'avoir des personnages en 3D sur des décors en 2D (ha ha, l'époque de Metropolis et de Titan AE) et en réalité, ça donne une impression de manque d'unité à l'ensemble. Ainsi, dès qu'il y a des effets de lumières (et il y a BEAUCOUP d'effets de lumières dans Wish) l'aspect image de synthèse nous pète à la gueule et en plus ceux-ci manquent de textures.
Mais aussi, l'histoire est pas folle. Les prémisses sont pas si mal, mais cette histoire de souhaits qui sont confisqués par un souverain est assez poétique au départ, mais une fois qu'on est dans le concret, cela pose plus de questions qu'autre chose (ne peut-on pas faire d'autres souhaits ? Que se passe t-il si on réalise notre souhait par erreur ? Que fait-on si deux personnes ont le même souhait ?) Le film tente de faire de l'humour avec ça à un moment, mais ça ne fait que souligner à quel point cela ne fonctionne pas vraiment. La morale de la fin (se donner les moyens d'accomplir nous même nos propres souhaite) est limite évidente même si positive.
C'est vraiment le problème que j'ai avec le film : le scénario n'est pas honteux, y a même moyen de faire du bon en partant de cette base. Mais on a l'impression que le scénario n'offre jamais une singularité qui permettrait de s'y attacher et suit un cahier de charge des histoires Disney : on a une héroïne sympathique, des compagnons, un enjeux familial, etc... Même le fait qu'il y ai un méchant, alors que cela faisait des années que j'en réclamais un, ça n'a pas donné l'effet escompté.
Je me rends compte que j'avais été sévère avec Vaiana que je trouvais être un film qui fonctionne "sur des rails assez balisé" mais au final, avec son poulet idiot, ses pirates noix de cocos il avait quand même pas mal de gags intéressants et des éléments distrayant à droite et à gauche. Ici, malgré la petite étoile mignonne (qui ressemble à un luma de Super Mario Galaxy) et une chèvre qui parle, on a jamais de moment si divertissant que ça. De temps en temps, il y a une blague qui fait mouche mais c'est difficile de s'enthousiasmer là dessus.
On a jamais l'impression que qui que ce soit ai eu envie de se mouiller dans ce film et c'est renforcé par les chansons : j'en ai retenu aucune. A aucun moment je me suis dit "ha ha, il est entrainant cet air" ou "ho, il est triste ce passage" alors que deux auparavant, El Canto m'avait complètement transporté. J'ai l'impression que Jennifer Lee a eu UN moment de grace dans sa vie, c'est quand elle a écrit "Libéré, Délivré" et que depuis elle peine à faire des trucs un minimum catchy.
Arrivé à la moitié du film je me suis aperçu que les trucs qui me rappelaient d'autres films Disney étaient en réalité volontaire. A partir de ce moment là, je n'ai vu PLUS QUE ÇA. Chose amusante, elle arrive après un marathon où l'on s'est tapé tous les "classiques Disney" et à l'exception de La Ferme se rebelle nous avons vus les 61 films qui la compose.
Certains clins d'oeils sont subtil comme le fait que les compagnons d'Asha sont tous des réinterprétations des nains de Blanche Neige ou le fait que la plupart des voeux renvois à un film de chez Disney. Et d'autres sont vraiment gros comme des maisons, (le fait de dire "Miror, miror, on the wall" ou un mec en vert que les gens appellent Peter) et le pire est qu'ils sont tous concentrés en fin de film ce qui donne l'impression de pot pourri un peu foireux. (La dernière image étant littéralement l'apparition du logo Disney avec un arc au dessus d'un chateau.)
C'est d'autant plus frustrant que les références citent plusieurs fois le même film (Blanche Neige, Cendrillon, etc... ) et laisse de côté tout un tas de film. C'est comme le générique de fin qui montre une image de chacun des classiques Disney... à l'exception de Taram, Bernard et Bianca et Bienvenue chez les Robinson (et évidemment toute la période 1940/ 1950.)
Mais ce qui est fascinant, c'est à quel point le méchant ressemble ... à Walt Disney lui même. Et pour le coup, je sais pas s'ils en ont pris conscience, mais le parallèle est assez perturbant...
Nous avons un homme d'age mur qui se fait passer pour souverain éclairé et gentil mais qui au fond de lui est un mégalomane. Il prend les rêves des employés (donc la force de travail) en leur promettant de les réaliser mais prend soin de faire mariner les gens trop ambitieux (tout ces animateurs qui faisaient de l'ombre au patron) ceux qui prendraient des initiatives déviant du plan (Disney est un control-freak) ou qui vireraient à la révolution (autant le dire : fonder un syndicat.)
Le site AV club suggère même que Magnifico serait la compagnie Disney elle même. Elle avale les souhaits des autres (Pixar, Jim henson compagnie, Star Wars, Marvel) pour fonctionner.
Je me demande comment ça a pu être validé par les comités de la Wall Disney compagnie, a moins que c'était tellement le bordel qu'ils ont laissés passer le truc (à l'origine c'est la reine qui devait se révéler être maléfique.) Ou alors c'est une sorte d'acte manqué.
Et le pire, c'est qu'on ne saura jamais si le souverain était un pourri depuis le début ou si c'est le livre maudit qui lui a fait péter les plombs. Vu l'attitude de la reine à la fin, il semble être "au delà de la rédemption" et l'animé suggéré qu'il deviendra limite le miroir de la méchante reine de Blanche Neige.
Du reste, si Wish est un film qui en lui même est très moyen, il reste assez instructif sur la manière de rater un hommage ou de ne pas comprendre qu'on est soit-même le méchant que l'on décrit.
PS : C'est ma 1500eme note donnée à un film sur Sens Critique !
Est-ce que je le montrerais à des enfants ? Arf. Le pire, c'est que ça risque de les intéresser, donc, pourquoi pas.
Possibilité de remake/suite : J'aurai aimé un meilleur film hommage pour les 100 ans du studio. Ça vous dit pas de le refaire mais avec des personnes compétentes ?
Le détail qui me titille : Franchement tout le destin du méchant à la fin, ça me laisse perplexe. (Voir critique.)
Suis-je le seul ? : A me demander pourquoi Asha se trimballe avec sa chèvre ? Je veux bien qu'au départ, elle se retrouve avec une chèvre qui parle et que c'est embarrassant.... mais très vite il y a de nombreuses missions qu'Asha pourraient faire sans avoir nécessairement besoin de se la coltiner dans les pattes. (Notamment après qu'elle ai déposé ses parents en sûreté de l'autre côté du rivage.)