Cours de démonologie chapitre 1: dans le folklore scandinave la Vittra est un esprit qui protège la nature de l’Homme. Ceci inclut par exemple le transformer en zombie et le contrôler afin d’aller tuer d’autres éventuels êtres humains qui pourraient trainer avec lui. La Vittra n’attaque pas elle-même pour une raison, elle est vulnérable, contrairement aux zombies qu’elle controle, un point important qui n’est pas sans rappeler le mythe originel du zombie dans la culture vaudou. Il était important de rappeler tout cela car la Vittra semble tellement connue en Suède que les réalisateurs Sonny Laguna et Tommy Wiklund n’ont pas pris la peine de nous la présenter, si ce n’est lors du générique qui affiche quelques croquis nous montrant de quoi elle à l’air. Vous me direz, ça nous évite l’ennuyant et inévitable passage où un vieux nous narre le mythe, l’oeil vitreux à demi-masqué par une casquette de pêche…
Voilà, vous avez donc une bande de potes qui partent en weekend dans une petite bicoque en forêt, et manque de bol pour eux la Vittra vit dans la cave, et visiblement son amour de la nature et du surtout du pinard vont faire qu’elle va posséder un à un nos chers comparses aux hormones en pleine ébullition. Rien d’original me direz-vous, tout comme ne l’était pas vraiment le premier Evil Dead puisque remake de la précédente réalisation de Sam Raimi, Within the Woods. Evil Dead était avant-tout une prouesse gore et pleine de trouvailles de mise en scène et prises de vues qui en ont fait la bobine culte et lugubre que nous connaissons. Cabin of the Death, connu sous le nom de Wither en version originale, suit exactement la même façon de faire que Evil Dead, photographie recherchée, bande-sonore lugubre à souhait couplée avec des effets gores outrageusement exagérés, rien a été laissé au hasard afin de pallier un scénario souffrant d’un cruel manque d’originalité.
Considérée comme la bobine la plus gore en Suède, elle est à remettre dans le contexte afin de justifier la réaction des médias à son encontre. La Suède ne produit que peu de films d’horreur et l’attention qu’a provoqué le film est à mettre là-dessus, car oui il est très gore et est probablement parmi les dix bobines les plus gores de ces dix dernières années, mais on a vu bien pire ! Cela étant, tout est fait à l’ancienne ici, oubliez donc tous les effets en CGI, le sang est pourpre, épais, et est si omniprésent qu’arrivé au dernier tiers tous les acteurs — restants — sont recouverts de la tête au pieds par ce visqueux liquide. La photographie vient d’ailleurs soutenir cet aspect vintage, car bien que cela ait été tourné en numérique (Canon 7D), on jurerait en voyant le résultat final que ça a été fait depuis un transfert 35mm. L’image est délicieusement granuleuse et les légères imperfections stupéfiantes, ramenant Cabin of the Death dans la même sphère temporelle que Evil Dead. Les réalisateurs semblent avoir décidé de se mettre des barrières afin de ne pas profiter d’avancées technologiques, contrairement au Evil Dead 2013, une sombre merde illustrée par sa photographie verte chiasse, signe distinctif qui permet d’identifier immédiatement une bouse (oui lorsque je parle de ce remake je deviens instantanément un distributeur de synonymes du « caca »).
Que dire d’autre sur Cabin of the Death ? Ce film est génial, il copie Evil Dead dans les grandes lignes mais profite que l’on ne s’attende à aucune surprise pour mieux nous prendre à revers, et il dispose d’une histoire simple car c’est dans la simplicité que l’on devient culte, contrairement à un nombre astronomique de bobines qui tentent les histoires alambiquées conclues par des twists tous plus cons les uns que les autres (petit coucou à La cabane dans les bois). Gore ça on l’a déjà dit, mais son atout vraiment capital c’est qu’il arrive à nous faire croire qu’il a trente ans alors qu’il n’en a que deux. Si vous ne jurez que par l’horreur old-school, alors Cabin of the Death est définitivement fait pour vous !
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