Wolf est un film assez atypique, ou plutôt qui traite son sujet de manières atypiques. Car contrairement aux autres films de loups-garous (dont un de John Landis que je ne citerai pas car il m'a traumatisé), Wolf préfère développer son intrigue sur le plan émotionnel plutôt que sur le plan fantastique.
Wolf n'est pas un film de monstre, il met en scène et respecte le mythe du loup-garou, mais il ne joue pas seulement sur le côté bestial de la créature, avec des scènes d'attaque ou de meurtre, évidemment il y en a, mais elles ne sont finalement pas si nombreuses que cela, et c'est à mon sens une qualité car ces fameuses scènes se font attendre et n'en deviennent que plus appréciables. Certains s’ennuieront devant Wolf c'est indéniable, cependant ce genre de réaction n'a lieu seulement si l'on s'attend à voir un film de loup-garou pur et dur, or il ne faut pas aborder Wolf de cette façon car comme dit plus haut, ce n'est pas un film de monstre.
L'axe du film tend à mettre en scène les changements émotionnels qui se produisent suite à une morsure qui provoquera la transformation en loup-garou. Augmentation des différentes acuités, caractère que l'on pourrait qualifier de « sang-chaud », mais également (et subtilement dans ce film-ci) un comportement un peu plus sauvage. Mais là où le film gagne en qualité sur ces points-là, c'est qu'il ne tombe jamais dans l'outrance, et cette non surenchère permet également de mettre en scène plus facilement l'ambiance et le scénario du film, qui tend bien sûr à montrer la face cachée sauvage de chaque être humain.
Somme toute Wolf tient vraiment plus du film sur l'humain que sur la créature, l'idée était assez audacieuse mais elle fonctionne. Néanmoins une chose est certaine c'est que le film trouve aussi une réelle profondeur grâce aux acteurs. Jack Nicholson est une nouvelle fois terriblement convaincant, il parvient à donner autant de profondeur aux deux facettes de son personnage, et sa comparse Michelle Pfeiffer ne lui fait pas d'ombre, mais les deux comédiens forment un excellent duo. James Spader et Christopher Plummer ne sont pas non plus en reste. La bande-originale du mythique Ennio Morricone vient également ponctuer avec subtilité ce thriller fantastique.
Le seul bémol de Wolf finalement c'est peut-être le maquillage et les effets visuels un peu démodés, mais le film n'est plus tout jeune, alors est-ce vraiment un bémol, ou bien le résultat convaincant d'un film réussit dans son époque, et qui aujourd'hui se trouve un peu vieillit ? C'est à chacun de voir. Ce qui pourrait paraître pour un défaut peut aussi apporter une dose de charme toute particulière.
Wolf n'est pas un film qui peut prétendre au chef-d'oeuvre c'est évident, cependant il n'en demeure pas moins un excellent film, qui traite son sujet de manières originales et grandement appréciables.