La narration est quasiment absente, suppléée par des instants de la vie des habitants d’un hameau perdu dans les montagnes afghanes. Le film laisse donc champ libre au spectateur pour reconstituer les liens entre eux, s’intéressant d’abord aux enfants, filles et garçons, dévolus à la garde des troupeaux. Lorsque les loups attaquent les moutons, les petits gardiens reçoivent coups et brimades. Malgré la dureté de la vie et la séparation imposée des deux sexes, les rires et les chamailleries fusent, tandis que de timides rapprochements s’ébauchent.
Néanmoins, les enfants rabroués et ne recevant aucune marque d’affection semblent être considérés comme quantité négligeable, pouvant être emmenés par une demi-sœur ainée après le décès du père et le remariage de la mère. Les hommes peuvent avoir plusieurs femmes et, même s’ils peinent à allumer un feu ou dépecer une brebis, ce sont les maitres qui se font servir et choisissent leur nouvelle épouse en vue d’une descendance fournie. Existence rudimentaire et agricole que l’arrivée annoncée des soldats fait basculer dans la plus totale précarité : abandon des maisons et exode en laissant tout derrière soi.
Dommage que la réalisatrice pour son premier film ne croie pas davantage à la fiction et au récit, circonscrivant son long-métrage dans un registre documentaire et ethnographique, explorant des pistes avant de les abandonner : le fantôme d’une femme errant dans la nuit, la fugue d’un gamin. L’ensemble manque donc d’épaisseur et d’un véritable point de vue.