Difficile de comprendre le titre pour ceux qui ne regarderont pas ce film jusqu'à la fin en VO; j'ai bien envie de les laisser envoyer un courrier au distributeur français, tiens... Pour le reste, on tient là une histoire plutôt sympathique, très marquée géographiquement, à propos d'un petit cercle littéraire où l'on retrouve pas mal de personnages archétypaux : l'écrivain vieillissant en mal d'inspiration, le jeune prodige un peu inquiétant, l'étudiante amoureuse de son prof, l'universitaire suffisant, l'éditeur sans scrupules, etc. Mais quelques détails viennent subvertir ce tableau stéréotypé. Les losers sont finalement d'assez bonne compagnie, principalement parce qu'ils planent la plupart du temps et se foutent de tout. J'avoue que ce lâcher prise magistral m'a fait envie, un peu à la Big Lebowski. Un gars qui traîne son spleen caustique en peignoir dans un intérieur mal rangé, ça a son charme. Surtout quand il se retrouve entraîné dans des histoires trépidantes et complexes qui le dépassent complètement et qui glissent sur lui sans vraiment parvenir à érafler sa cuirasse. Ce détachement donne un ton joyeusement mélancolique au film. Un cocktail inhabituel plutôt bienvenu. Surtout quand on touche aux mystères de la création littéraire, qui fournissent toujours des toiles de fond assez riches aux intrigues cinématographiques. Enfin, pour peu qu'on s'intéresse à l'écriture et aux écrivains, ce qui est mon cas. Sinon, il reste toujours une palanquée d'acteurs très fréquentables, ça n'est pas rien. Un bon petit moment de cinéma, en somme, qui ne donne même pas envie de se lancer dans la ritournelle téléphonée des rôles secondaires laissés aux femmes, qui ne sont finalement que les déclencheurs de l'évolution des personnages masculins... c'est dire.