I Wonder how, I Wonder why...

Avais-je une attente autour de ce projet ? Pas vraiment, notamment après les précédents échecs de DC Comics sur grand écran. Cependant, les bonnes critiques Outre-Atlantique ont su titiller ma curiosité. Hélas, le miracle n'a pas eu lieu : si le film n'est pas aussi raté qu'un Suicide Squad, il est d'une banalité et d'un classicisme effarant. Voilà une origin story comme on en fait depuis 15 ans, qui plus est dénuée de toute originalité dans son développement. Le film a bien une décennie de retard dans ce qu'il a à proposer, ce qui lui donne un énorme goût de déjà-vu.

Bien sûr, les fans des productions Disney-Marvel devraient s'y retrouver, le film reprenant beaucoup de codes maintes fois éprouvés depuis le premier Spider-Man de Raimi. Mais la question fondamentale qu'il faut se poser c'est : qu'attendez vous d'un film DC Comics ? Personnellement je n'attends pas du Marvel-like en un peu moins maitrisé. La noirceur et le sérieux propre à cet univers essaye ici de cohabiter avec une légèreté propre au sommer-movie, pour un résultat très mitigé, souvent kitsch, mal équilibré. Cela se manifeste notamment par des choix esthétiques qui piquent pas mal les yeux, lorsque la colorée Wonder Woman avance en slow motion dans le gros No Man's Land du front est de la Grande Guerre. Franchement, c'est beaucoup plus risible que badass.

De manière générale le film est esthétiquement assez laid, et si les scènes de combat sont plutôt bien chorégraphies et toujours lisibles, la réalisation est souvent à la traîne. On notera une chute sur fond vert au début du film qui se classe aisément parmi les plus dégueulasses de ce début de siècle. La laideur générale se manifeste principalement dans l'immonde premier acte : impossible de rentrer dans l'univers du film tant cette introduction centrée sur le monde des Amazones parait forcée, mal-jouée, tant les décors font toc et tant tout le monde se prend au sérieux. Une horreur. Quant à la reconstitution de la Première Guerre Mondiale elle reste très artificielle, et les effets spéciaux pas très réussis.

Paradoxalement, ce qui sauve le film, c'est son humour. Le comique de situation engendré par l'arrivée dans le machiste début du XXème siècle d'une guerrière Amazone vivant isolée de ses contemporains sera l'occasion de quelques gags bien sentis, concentrés dans le deuxième acte à Londres puis plus ou moins éparpillés tout le long du film. Tout cela reste ultra classique mais assez efficace, tout comme les situations over the top que ce décalage culturel et le mélange des genres (film de guerre / film de super-héros) offrent parfois. Tout ça est loin d'être novateur mais cela permet au moins de sortir le spectateur de sa torpeur. D'autant plus que lorsque le film se prend au sérieux il est assez souvent ridicule et niais.

Reste un élément majeur à traiter : le personnage de Wonder Woman. Celui-ci est passé à la moulinette "blockbuster" et s'est pas mal fait "humaniser". Et bien que je trouve ça génial d'avoir enfin une super-héroïne au cinéma et que certaines scènes visant à consacrer son statut d'icône féministe fonctionnent assez bien, d'autres m'ont fait pas mal grincer des dents. Tout d'abord, pourquoi lui avoir coller un love interest ? Diana n'avait clairement pas besoin de ça. Et surtout, pourquoi doit-elle se coltiner le personnage de Chris Pine, un cliché ambulant qui n'a l'air de penser qu'à une seule chose : niquer Diana ?

Mais il faut avouer que de base, le cadre offert par la Première Guerre Mondiale était loin d'être le plus évident pour évoquer de quelconques revendications féministes. Bref, sur ce point, le film déçoit et ne va pas assez loin.

Je conclurai en évoquant la fadesse et l'inutilité de toute la galerie de personnages secondaires, et surtout la banalité des dialogues qui sont une compilation de toutes les phrases les plus plates qu'on puisse entendre dans un super-hero movie. Et le pire c'est que tout ça est ultra premier degré. Je me suis face-palmé très fort quand le personnage de Chris Pine a déclaré "mon père me disait toujours que lorsqu'une guerre éclate tu as deux choix : ne rien faire ou te battre. Et j'ai décidé de me battre". Difficile de faire plus cliché, plus niais et moins original.

Finalement cette réplique est à l'image du film en lui-même. Fade, moyen, peu mémorable, malgré quelques gags réussis et quelques moments de bravoure assez marquants, ce Wonder Woman auquel on a voulu appliquer la formule des Marvel d'il y a 10 ans n'est pas au mauvais blockbuster estival mais peine à s'élever au niveau des productions actuelles et surtout, à s'en différencier. Et si son personnage principal dégage pas mal de charisme de part sa force et son innocence, dur de voir dans cette héroïne un peu trop aseptisée l'icône féministe qu'on essaye de nous vendre.

Mais je pense que le plus triste dans tout ça, c'est que ce film pourtant mineur reste la meilleure adaptation de l'univers DC Comics depuis la trilogie Dark Knight...