Alors, est-ce la bombe annoncée ?
Commençons par le négatif. Nolan est devenu extrêmement bavard depuis que son frère ne l'aide plus au scénario. Bon au moins on comprend ce qui se dit, contrairement à Tenet, mais c'est le même genre de montage effréné, des tonnes de personnages (joués par des putains d'acteurs tous un peu sous-exploités) qui se croisent juste pour débiter leurs textes, sans même un bonjour. C'est tellement maniéré et artificiel qu'on dirait une pièce de théâtre sous acide. D'ailleurs, le film ne se tait jamais. Que ce soit les dialogues ou la musique, à part à de rares moments (les plus marquants), votre ouïe sera (sur-)sollicitée en permanence. Pas de sous-texte ici ou presque, tout passe par les dialogues, et c'est un peu assommant à la longue.
Parlons quand même des personnages de Florence Pugh et Emily Blunt, qui campent les deux seules femmes de premier plan du film. Celles-ci ont toutes deux un potentiel tragique énorme mais ne restent qu'accessoires au récit, juste bonnes à baiser, mourir ou être en colère. Gros gâchis car ces personnages avaient du potentiel.
Et malgré ces défauts, ça marche. La maestria technique est là, le sujet est vertigineux et on ressent l'ambiguïté du personnage. Le côté "court drama" (complétement inattendu, mais on est bien face à un thriller judiciaire ?) marche bien ; les récits emmêlés, que Nolan adore, fonctionnent bien cette fois et sont bien moins artificiels que dans Dunkerque et Tenet (à part peut-être l'usage du noir et blanc, un peu tacky), avec un bon pay-off final. Quelques scènes me resteront en tête longtemps et on ne s'ennuie pas une seconde.