L’univers DC Comics sur grand écran, c’est beaucoup de critique et pas toujours en faveur de la production. Ici, grâce à Patty Jenkins auteur d’un excellent « Monster », on réhausse le niveau. Elle engage un soupçon de féminisme que l’on attendait bien évidemment, étant donné le contexte. Cela ne gâche pas pour autant le visionnage du premier long-métrage, où une super-héroïne arrive à supporter le poids de son propre succès.
Il y a tant à dire, mais la première chose à décortiquer est la figure de la célèbre amazone. Tout d’abord, Gal Gadot endosse magnifiquement le costume. Elle rend hommage au personnage guerrier qu’elle inculque. Elle est indépendante et forte. Voici donc une nouvelle référence où les spectatrices pourront trouver refuge. Elle hérite d’une tendresse et d’une sincérité bien calibré, malgré un jeu poussif par moment. L’archétype de la femme prend vie ici car on mesure tout l’étendu de sa force, tant bien physique et qu’intellectuelle, la plaçant à armes égales à côté de l’homme.
Quant à ses motivations, la confusion prône. On nous habitue à son ouverture d’esprit et de son intellect riche. Bien que le monde des hommes lui soit inconnu sur toutes les coutures, elle présente un fort instinct naïf et enfantin face à la guerre. Les enjeux, nous en sommes conscients car nous en connaissons les grandes lignes, d’où la naissance du mal. Ici, Diana ne parvient pas à peser le pour et le contre des réels enjeux. Elle campe dans sa propre théorie du chaos et de la paix, jusqu’à se trouver piégée par sa philosophie. C’est là les limites de la mythologie du récit qui s’essouffle dès l’introduction. On cherche à nous en apprendre tellement que l’on perd l’essentiel. Certains discours nous parviennent et font écho à ses devoirs, alors que d’autres disparaissent aussitôt qu’elle apparait sur le front…
C’est à l’arrivée de Steve Trevor, que Chris Pine rafraichit l’atmosphère. Il apporte avec lui toutes les visions de la Première Guerre Mondiale qui arrive à son terme. Mais le fait que ce soit un blockbuster tout public fait que les armes de guerre mortelles sont banalisées. L’horreur se lit sur un cadre et non sur le champ de bataille, là où la terreur prend forme et change la mentalité des survivants. Cela dit, on parvient à saisir de l’humour au beau milieu de toutes ces folies esthétiques. Les scènes d’action mettent bien en valeur la puissance de Diana, pour sûr. Alors que la réalisatrice persiste dans l’effort de démarquer son œuvre au style de Snyder, ces mêmes séquences sont polluées par des ralentis qui oppressent le rythme et donc la lecture du moment. Tout comme plusieurs effets numériques flagrantes, la barrière de l’immersion reste rigide.
Autre aspect détestable ou plutôt peu appréciable, il s’agit du développement de l’équipe que regroupe Trevor. Chacun a une personnalité riche en émotion. La guerre aura planté des graines profondes chez la plupart. Cela promet et pourtant on néglige énormément leur qualité première. On les vulgarise alors rapidement au simple statut de soldat, voire d’homme au sens large. Une discussion sur la mentalité des hommes peut toutefois avoir lieu dans ce cas. A croire que cette banalisation est due au fait que le film arrive beaucoup trop tard après « Captain America », son équivalent Marvel Cinematic Univese d’un point de vue historique à une guerre prêt.
Au final, « Wonder Woman » ose tenir des propos en faveur de la gente féminine, sans pour autant nuire à l’égo de l’homme. C’est au dénouement que l’on se rend aisément compte de l’absurdité des enjeux, certains penseront. Alors que la forme comic book prédomine, on préfère conserver la maîtrise du sujet par une mise en scène lente et lourde. Ce que l’intrigue véhicule n’est autre qu’un message d’amour et d’espoir que l’on retrouve en l’héroïne, encore innocente dans l’âme et honnête dans le cœur.