Ça en surprendra certains mais il n’y a pas que les hommes qui portaient la jupe en Grèce Antique. Soyons honnêtes, se battre en culotte reste le meilleur moyen d’avoir un contrôle total de son corps. De toute façon, le premier qui se moque de Diana Princess se prend un coup de bouclier. Alors, même si cette femme est magnifique (Gal Gadot est juste belle, fallait que ça sorte et surtout sait jouer des émotions, ce qui est déjà pas mal pour un blockbuster), on la ramène pas et on regarde Wonder Woman, film de Patty Jenkins de 2017.


Le choix est simple : agir ou pas


Quand la première chose que l’on voit du monde extérieur c’est Chris Pine tee-shirt mouillé, on comprend qu’on peut avoir confiance en l’humanité. C’est avec ce bel espion américain nommé Trevor que Diana, princesse des Amazones découvre les gens qui vivent hors de son île paradisiaque de Themiscyra. Enfin, lui et quelques allemands vindicatifs qui lui prouvent que son île n’est pas un sanctuaire inviolable et que le monde est en guerre. La jeune Diana y voit le signe qu’Ares, dieu de la guerre qui a éveillé la haine entre les hommes est de retour et veut détruire l’humanité. Elle décide de partir sur le champ avec Trevor affronter Arès pour arrêter la guerre.


Le « film de super-héros » n’est pas tant un genre à part entière qu’un schéma narratif, qui peut sans trop de problème s’insérer dans un genre particulier, en reprendre les codes. Wonder Woman n’est pas qu’un film de super héros mais aussi un film de guerre. En plus du schéma d’évolution du héros, artefacts héroïques, recherche de la puissance intérieure, confrontation d’un idéal avec la réalité… le film utilise aussi les codes du film de guerre. Le choix de la première guerre mondiale permet de mettre en scène les tranchées, les villages bombardés, l’égoïsme et parfois l’héroïsme des hommes, les soldats sacrifiés par un général planqué à Londres, les armes chimiques… Le film reprend aussi les scènes classiques avec l’attaque du village belge et surtout cette iconique traversée du no man’s land entre lignes allemandes et françaises.


Diana est confrontée lors de sa première découverte du monde à l’un des pires moments de l’histoire de l’humanité. Attention, le film n’atteint pas des sommets de psychologie mais les moments de guerre permettent à Diana de se poser une question universelle : qu’est-ce que l’humanité ? Est-elle foncièrement corrompue ou peut-elle être sauvée ?


Les super-héros sont des personnages qui permettent d’exacerber certains traits des hommes. Cependant, là où Wonder Woman (et Superman d’ailleurs) se distingue des autres héros (Batman, Iron Man…) c’est qu’elle n’est pas un homme qui obtient des pouvoirs mais une déesse, une « inhumaine » qui doit apprendre ce qu’est être un homme. Cette candeur permet au film des moments qui auraient pu faire passer Diana pour une cruche mais qui sont logiques quand on comprend que cette amazone est vierge du monde des hommes. Le jugement qu’elle porte sur ce qui l’entoure est un regard certes naïf mais aussi objectif car elle n’est pas de notre monde. De plus, ayant vécu dans un monde mythologique, il est logique qu’elle s’oppose au départ à la complexité du monde que lui propose Trevor et ses acolytes car ici, l’absolu n’existe pas.


On doit toucher à nos icônes


Il faut aussi parler du symbole qu’est Wonder Woman : il est le premier film de super-héroïne de l’ère moderne des blockbusters. Apparemment, ça changerait beaucoup de choses. Au niveau du symbole, oui. Au niveau du film, pas grand-chose et c’est une réussite à noter. Le film est féministe car il met la femme au niveau non pas des hommes mais des héros de ce genre de film. Son héroïsme ne vient pas de sa féminité comme il ne viendrait pas de la masculinité d’un homme. Sa relation avec Trevor s’inscrit dans les relations hétérosexuelles classiques des blockbusters. Son féminisme est celui d’une personne d’action dans un monde qui empêche les gens d’agir sous des prétextes politiques et immoraux. Notons quand même certaines blagues qui font comprendre que pour beaucoup de choses, un homme ne sert à rien…


La scène de la traversée du no man’s land est centrale à tous points de vue. De par sa capacité d’action, Wonder Woman parvient à débloquer une situation enlisée depuis plusieurs mois. Ce moment où elle décide d’agir est celui où on voit pour la première fois son costume en entier : c’est dans l’acte qu’elle devient entière, qu’elle n’a plus besoin d’être maternée comme dans Themiscyra ou d’être réduite à un rôle de secrétaire comme à Londres. De plus, c’est le premier acte que Diana choisit seule, elle part au combat sans attendre d’être suivie. En attirant les tirs allemands, elle devient la cible de tous les regards, avance quoi qu’il arrive. Wonder Woman est une héroïne d’action, elle n’a pas besoin de se poser des questions existentielles. Elle n’a rien à légitimer ou justifier, elle est au-dessus de l’humanité. Elle est comme elle fait et elle fait comme elle est.

Julien_Mazars
9
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le 25 juin 2017

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Julien Mazars

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