De tout temps, en tout climat social et politique, les héros représentent sûrement notre soupape de sécurité et ce que l’on retrouve de plus inspirant chez eux est bien la sève de ce qui les caractérise en temps qu’icônes héroïques : leur cause, leurs principes. Après Man of Steel, Batman v Superman et Suicide Squad, la quatrième livraison de la saga cinématographique DC s’accorde enfin le droit de lever la tête et de rêver. Wonder Woman de Patty Jenkins s’accorde avec justesse à ses prédécesseurs en y faisant sens mais parvient à s’en émanciper suffisamment afin d’installer un véritable renouveau du genre DC à l’écran tant dans le fond que la forme. Loin des allégories bibliques de la fresque tentaculaire et incomprise de Zack Snyder, Wonder Woman exécute un retour aux sources, plonge dans les abysses d’un long héritage afin de puiser dans le cœur-même de l’espoir et l’héroïsme. A mi-chemin entre le Superman de Richard Donner et le cinéma des sœurs Wachowski, Wonder Woman est un film qui s’articule autour du grand thème du Cœur. Le cœur au combat, le cœur avec ses convictions, l’importance du cœur dans un monde décharné où un défilé de gueules cassées rappelle l’horreur de la grande boucherie des tranchées, le pire de la folie destructrice humaine. Avec sa généreuse, vaillante et naïve Diana, le film de Patty Jenkins interpelle avec classe et pertinence sur des thèmes forts lors de ténébreux et complexes événements et fait le pari osé de questionner l’incrédulité de son public, de le mettre face à son machinisme autant par manque de foi que dans son excès le plus pervers et meurtrier. Le quatrième film DC, s’il s’avère classique dans sa narration, possède une alchimie unique conjuguant les pétillantes blagues sexistes, moments de silence intimes et les grands instants de bravoure, de mystification dont la montée de l’Amazone au front du No Man’s Land restera à tout jamais gravée dans les mémoires. Wonder Woman n’est pas qu’un film sur le Cœur en lui-même, dans toutes ses définitions, c’est également un film qui a du cœur, un noyau-dur viscéral plein de vie et une ode à l’amour. La réalisation de Jenkins est gracieuse, fluide et élégante, dispose d’un grand sens de l’étincelle et de la pause du temps lors de magnifiques séquences impressionnistes presque picturales. Avec son sens moderne du découpage, son écriture délicate, son score merveilleux de Rupert Gregson-Williams (Tu ne tueras point, de Mel Gibson) et sa grande volonté de renouer avec les fondamentaux des mythes du super-héros, Wonder Woman, en plus d’être une leçon de style et de cinéma rappelle que ce n’est pas le combat qui fait le héros mais sa cause et son humanité. Wonder Woman est un film sublime, amoureux et solaire. La Wonder Woman dont nous avions besoin, la Wonder Woman que nous méritions.
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