Il y a quelques années, l'adaptation de Wonder Woman au cinéma aurait pu prêter à sourire, après les déboires des essais télévisés et cette image persistante d'une tenue plutôt kitsch et un ton assez niais. Difficile d'y croire alors. Jusqu'à cette entrée survitaminée dans Batman V Superman, qui a presque volé la vedette aux deux autres figures emblématiques. Dès lors, l'Amazone avait gagné l'intérêt de pas mal de monde, et ce long-métrage qui lui est consacré est d'autant plus impressionnant qu'il parvient à en faire un des persos héroïques les plus intéressants et cools de l'ensemble du cinéma superhéroïque.
Cette prouesse est notamment dû au traitement très mature du film, à l'instar d'un The Dark Knight, Watchmen ou encore X-Men: Days Of Future Past qui permet avant tout d'offrir une œuvre filmique consistante dans laquelle surviennent des évènements fantastiques, contrairement au schéma superhéroïque standard d'un film du MCU, bien familial et bon enfant, qui se repère à des kilomètres. Quand bien même, on pourrait tout de même établir des comparaisons avec d'autres longs du genre, comme cette introduction sur Themyscira, bien plus dépaysante et rutilante d'armures dorées que le Asgard de Thor, même si l'on retrouve le même type de liens familiaux divins. Il y a également, pour la majeure partie et portion centrale du film, le contexte de la Guerre Mondiale (la première, ici), bien plus tangible et frappant que dans Captain America, tout comme la mise en avant des bons sentiments, et de la noblesse et pureté d'esprit du héros titre. L'impression de suivre un véritable film historique dramatique revient souvent. Enfin, on retient également des séquences et un finale tout aussi explosifs, surhumains et jouissifs que les affrontements d'un Man Of Steel.
Les scènes d'action sont acrobatiques, à en faire pâlir Zhang Yimou, et surtout impressionnantes et enivrantes. Il faut saluer la réalisation très maitrisée de Patty Jenkins, surtout pour rendre superbement compte de toutes ces cascades innovantes qui nous font croire au potentiel de Diana. Et il faut avouer que les premières apparitions de la jeune femme en tant que Wonder Woman marquent indubitablement les esprits, à la fois grâce à ce visuel stylisé qui crée un joli contraste entre la superhéroïne radieuse et la guerre morne et sépia, mais aussi au travers de la bande-son épique de Rupert Gregson-Williams qui se montre tout aussi prenante dans l'orchestral, que fiévreuse lorsqu'elle s'emballe sur des percussions plus puissantes. Sans oublier les ralentis très Snyder-esques, justement dosés, qui soulignent incontestablement la classe, la grâce et la badassitude de la guerrière amazone.
Pour porter le long-métrage, les acteurs principaux sont brillants, et suffisamment convaincants pour réussir toucher. Les personnages secondaires sont plus unidimensionnels et éphémères, même si le flegme britannique de David Thewlis - et sa petite moustache - est grandement appréciable. Le Docteur Poison marque également les esprits pour son apparence mais n'es pas tant travaillé cela. Par contre, Chris Pine qui joue le capitaine Steve Trevor apporte la bon équilibre humoristique et un charisme sympathique tout au long du film. Ce qui permet de développer de manière très pertinente le personnage de Diana, qui découvre le monde, les hommes, et surtout le comportement humain durant la guerre ; de quoi transformer la jeune amazone d'abord tout ce qu'il y a de plus candide en redoutable femme fatale. Et on le doit à l'interprétation sans faille de Gal Gadot, qui s'approprie parfaitement l’héroïne et touche plus d'une fois le cœur du spectateur. Au cours de son périple, elle cherchera à vaincre Ares qui, malgré un temps d'écran assez restreint, s'avère être un opposant réussi, à la fois visuellement ainsi que dans sa prestance.
Du coup, la Justice League n'aura jamais été aussi prometteuse, surtout maintenant que Patty Jenkins et Gal Gadot viennent de donner toutes ses lettres de noblesse à Wonder Woman, en la rendant plus badass et appréciable qu'on aurait pu se l'imaginer, volant également la vedette à bien des héros déjà établis sur le grand écran, grâce à ce premier long-métrage merveilleusement équilibré et élaboré.