Qu’un film long de deux heures et demie échoue à ce point à développer ses personnages, à leur conférer identité, personnalité et épaisseur relève de la gageure. Wonder Woman 1984 est l’illustration parfaite de l’impasse dans laquelle se trouvent les productions super-héroïques actuelles, prises en étau entre le film et la série télévisuelle, deux formats qui se croisent et se parasitent l’un l’autre : tout cela n’avance pas, traîne la patte entre deux séquences de combat expédiées en quelques minutes et sans relief aucun, et pourtant tout cela ne dit rien ni de l’époque investie – les années 80 – ni de l’homme en général, sinon une série de poncifs gorgés de la morale la plus naïve qui soit.
Mais devait-on attendre davantage de cette suite qui recycle une même équipe peu compétente, à commencer par sa réalisatrice, Patty Jenkis, qui avait pourtant réussi à faire illusion auprès du public avec un premier volet d’égale qualité ? Deux qualités à trouver néanmoins à cette mixture informe : le plaisir visiblement pris par ses acteurs à interpréter protagonistes et antagonistes, à commencer par le duo Gadot/Pine et Kristen Wiig qui laisse au vestiaire sa panoplie de gaffeuse hilarante tout droit sortie des films de Paul Feig pour montrer les griffes ; la séquence inaugurale qui nous plonge dans le passé olympique de notre héroïne amazone, promesse d’un travail du rythme qui disparaît rapidement. Même Hans Zimmer semble s’ennuyer ici, c’est dire… Vivement le troisième !