Wonderful Days par AnZorn
Avec Wonderful Days on est malheureusement dans quelque chose d'une routine du film d'animation de science fiction. Récompense à Gerarmer oblige, on évitera pas la comparaison avec d'autres films du genre.
Le propos initial reste simpliste, dans un sous genre "néo-marxien" assez terre-à-terre : la problématique type oppresseurs/oppressés ainsi que la teneur écologique de l'intrigue, qui trouvent leurs équivalents dans le schéma ville haute/ville basse, technologie/crasse, tendent à desservir un film qui s'épanouit d'avantage dans ses aspects exubérants et plus détachés de l'intrigue, qui relève du cliché. C'est le premier élément routinier du film, le brassage des poncifs rebattus du genre, Ghost in the Shell étant presque le seul anime de science fiction qui ose s'ouvrir sur le mystique et le spirituel. Autre manque du point de vue de l'écriture : la précarité de la tension dramatique : on rentre peu dans le film, on n'est parfois pas loin de l'ennui. Les scènes qui se veulent les plus contemplatives y sont pour quelque chose, le type de la scène silencieuse n'est pas toujours cause d'ennui (pas dans GitS, pas dans Blade Runner), mais dans Wonderful Days c'est le cas (en tout cas en ce qui me concerne). Pendant une grande partie du film en tout cas car la fin est différente sur ce point, on trouve une ambiance singulière, une sorte d'apothéose qui réveille l'intensité des relations entre les personnages, ce qu'avaient échoué à faire les quelques flash back très explicites (à l'inverse dans Paprika tout arrivait discrètement, finement mais surement), on assiste aussi à un ballet visuel qui donne son originalité au film même si il renvoie aussi à quelques classiques (Le Chateau dans le Ciel par Exemple).
L'aspect visuel tient en grande partie sur l'utilisation des technologies nouvellement entrée dans l'animation orientale à l'époque de la sortie du film, pas forcément pour le meilleur ; défaut récurent de l'animation 3D, les mouvements des éléments d'images de synthèse on tendance à être mous, flottants - les mouvements de décor n'ont notamment pas la force qu'on trouve chez les studios d'animation traditionnelle. Les images de synthèses ne font pas non plus forcément l'atout des scènes les plus visuelles et se voulant contemplatives, le rendu est souvent terne et uniforme (encore une fois, on se souvient de GitS, qui rendait merveilleusement mieux le grain et le mouvement avec les méthodes traditionnelles), et Wonderful Days réussit le douloureux paradoxe de nuire à la contemplation par la musique mobilisée. A la fin au contraire, dans le silence, on arrive à être transporté.
Le design des personnages manque d'une identité forte, tout autant que les véhicules (pourquoi nous montrer des plans de 30 secondes sur le même modèles 3D de moto futuriste ?), d'autant plus que le style propre à la sci-fi japonaise en la matière est maintenant la norme. C'est encore le cas dans le design des décors, toujours plus imposants, parfois solennels, gothiques ou baroques mais ternes, sous exploités, accessoires (merci de nous montrer du Lichtenstein et du Klimt, mais bon sang pourquoi ?), une fois de plus on reste dans les poncifs.
C'est donc malheureusement cette expression qui semble devoir caractériser le film du coréen Kim Moon-Saeng : le poncif. L'abandon ponctuel des lieux communs laisse parfois place à un beauté principalement esthétique qui pâtit cependant du recours à l'imagerie numérique.