Le Guerrier silencieux - Valhalla Rising par AnZorn
Valhalla Rising est sans concession, visiblement il ne s'agit pas pour le réalisateur de marquer son style en faisant simplement varier la norme, il y va carrément.
Pas de noms de personnages, presque pas de dialogue, pas de scénario explicite. Pourtant il y a des Hommes qui vivent, mais pas notre vie, donc pas nos préoccupations, et pas nos intrigues.
On est AILLEURS et surtout loin d'un monde sûr, réglé, prévisible. C'est une certaine idée du dépaysement.
Loin du monde, le sens se délite, les directions se brouillent, on peut partir de n'importe où et arriver n'importe où, vivre et mourir sans raison. Voilà donc pourquoi on n'a pas un film appartenant à un de nos genres habituels, avec nos schémas habituels.
La seule bribe signifiante (cessez de lire si vous voulez garder intacte votre ignorance du scenario) est une étrange filiation, qu'on hésite à considérer comme simplement dérisoire, en tout cas difficile d'en faire l'intérêt du film même si elle en détermine l'issue. Et c'est finalement la faiblesse qu'on pourrait trouver à Valhalla Rising, on a du mal à faire cohabiter l'idée que Refn nous montre la précarité infinie de la vie Humaine à la fois que la beauté dans le sacrifice de l'impitoyable guerrier silencieux pour cet enfant, cela ne saurait avoir la densité de l'envie diabolique d'Aguirre, et ça sonne faux. En tout cas ce n'est pas ce qui fonde la force du film.
Restent ce qu'on Voit, et ce qu'ont Entend.
La photographie est assez bluffante, on est littéralement absorbé par les paysages. A l'occasion on est troublé par quelques effets d'éclairages, des personnages plongés dans une lumière ou une ombre indécidable - difficile de croire à la grâce ici, mais qui sait? La bande son est des plus atypique. On passe de nappes d'ambiance lourdes, à des cuivres primaires, et au silence pur, tout cela ne rend la tension que plus palpable, et c'est d'autant plus troublant qu'on attend, qu'on suit sans savoir réellement ce qu'on suit si ce n'est une sorte de sublime primaire, terrible et pur.
La Nature superbe est tout ce qui est au début, règne sur tout le film, et subsiste intacte, quand les Hommes sont morts.