Évidemment il est toujours tentant de bouder un bonbon acidulé sur lequel on risque de se casser les dents. Mais il faut bien avouer que ces plaisirs coupables venaient à manquer ces dernières années.
J'ai eu mon lot de film pour enfant navrant (les films pas les enfants !) pour lesquels je m'obligeait à sourire afin de faire plaisir à ma fille, mission parentale oblige.
Pour cette raison, Wonka a été une agréable surprise.
L'univers de Roald Dahl ne m'étant pas inconnu, j'ai été souvent déçu par les différents adaptations de ses livres, à part Matilda évidemment. D'ailleurs je considère la version de Tim Burton comme l'annonciation du déclin de sa carrière.
Wonka est une ode aux rêveurs. Au delà de l'ambiance, nous trouvons disséminées durant le long métrage des pincées de magie "Dahlienne", le contrat véreux, la machine à laver canine, la mini chocolaterie...
Tel Mary Poppins et son sac de voyage sans fond, le chocolatier sort de son chapeau toute ses malices. Paul King fait de même et met du coeur à l'ouvrage. Tout comme son protagoniste, le réalisateur est un artisan prônant l'imagination face aux studios préférant le chocolat lisse et sans risque. Bien sûr, le film est très sucré, emplie de couleurs saturées et pourrait paraitre formaté et bien pensant. Mais il ne faut pas confondre bien pensant et bon esprit. La bienveillance est une valeur fondamentale, n'en déplaise aux aigris. Les thèmes abordés, comme la confiance en l'autre, le droit d'entreprendre, la valorisation du talent et de l'audace, et même les problèmes d'addiction ne sont pas enfoncés dans nos crânes à coup de marteau. Le film est plus subtil qu'il n'y parait et fourmille d'idées de mise en scènes charmantes et de moments marquants. Par exemple l'envolée des gourmands de chocolat à l'abeille (encore un parallèle avec Mary Poppins !) et ce vol de ballon au-dessus de toits vitrés, redonnant espoir en l'humanité à une jeune orpheline désillusionnée. Espoir que Wonka lui même perdra des années plus tard lorsque ses employés lui voleront ses recettes de chocolat. Car en effet ce n'est pas le même héros que nous rencontrons dans le livre de Roald Dahl, candide à souhait et outrancieusement généreux. Wonka jeune n'est pas encore pervertie par les aléas de la vie d'un entrepreneur prodige. Le jeu d'acteur du "It Boy' Timothée Chalamet reste convaincant malgré le manque d'un soupçon de folie. Le reste du casting est impeccable, même Rowan Atkinson évite de cabotiner ;).
Visuellement le film est superbe sans un surplus d'effet numérique. Une photographie soignée, des décors et costumes grandioses, mais surtout la musique. Les comédies musicales ne sont pas ma tasse de thé, anglais évidemment, mais je dois bien avouer m'être laissé porté par ces mélodies entêtantes (The Divine Comedy oblige) et la qualité des danses et des interprétations.
Ce film est loin d'être parfait, quelques arythmies dans la mise en scène, mais Wonka a tout pour devenir un film culte et cela serait légitime. Ni un film trop noir et réaliste, ni un film potache et grossier, c'est juste beau et doux, procurant un bien-être bienvenue et nécessaire pour tous, peu importe l'âge du spectateur.