Merlin a un nouvel ennemi.
Les superproductions en provenance d'Asie ne cessent de se multiplier, et surtout de se distribuer par chez nous, nous offrant une nouvelle vision du cinéma. Après Hong-Kong, c'est au tour de la Corée du Sud de nous en mettre plein la vue, et quoi de mieux pour se faire qu'un magicien venu du passé ?
A la création du monde, des moines eurent comme mission de garder prisonniers des démons maléfiques, les gobelins. Hélas, ils les laissèrent s'échapper, et ceux-ci se mirent en quête d'une flûte pour posséder le monde, à moins que ça ne soit quelqu'un d'autre qui ne se l'approprie et les possède eux. Woochi (Dong-won Kang), un jeune magicien particulièrement talentueux, toujours accompagné de Chorangyi (Hae-jin Yu), son acolyte, ne passe son temps qu'à utiliser son pouvoir dans le but de troubler l'ordre public, et en particulier la royauté. Hélas pour lui, ses facéties prendront fin lorsqu'il se retrouvera piégé dans une peinture par ces chers moines. 500 ans plus tard, à notre époque, ceux ci n'ayant toujours pas réussi à stopper les gobelins, réveilleront Woochi pour qu'il exécute la tâche à leur place, mais c'était sans prévoir à quel point il deviendrait incontrôlable dans le monde moderne.
Commençant plutôt bien, le film annonce la couleur pendant son introduction: ça en jette. En revanche, sans que l'on ne sache trop pourquoi, il s'embourbe durant ses trois premiers quarts d'heure, nous faisant trépigner d'impatience jusqu'à ce que Woochi débarque enfin dans notre époque, puisque c'était l'argument commercial qui était avancé. Une fois celui ci arrivé, on aura rapidement le droit à une course poursuite en voiture plutôt efficace, enchaînée par un combat en mettant plein la vue, notamment grâce à un dédoublement multiple de notre héros façon Agent Smith. Et puis après c'est reparti, le film ralenti et accélère sans cesse, nous faisant nous demander s'il n'aurait pas gagné à être raccourci. Oui, 2h10 ça fait un rien long, surtout quand la mécanique se montre aussi capricieuse. On se questionne aussi sur l'intérêt qu'a pu trouver Dong-hun Choi, à la fois réalisateur et scénariste, à multiplier et développer autant de personnages, puisque c'est justement ce qui vient désarticuler sa structure narrative. Il est dommage de voir quelqu'un saboter sa propre entreprise, surtout quand celle ci possédait une accroche aussi basique que plaisante. Néanmoins on sourit par ci par là, puisque le film est aussi une comédie, bien que l'humour ne soit pas toujours des plus fins (blague de caca dés le premier quart d'heure...). Ce qui sauve réellement le film, ce sont ses scènes d'actions superbement chorégraphiées, toujours impressionnantes, abondantes en VFX (matte painting, CGI...), notamment la dernière, dont les alternances plans horizontaux/verticaux iront jusqu'à donner le tournis.
Bref, Woochi est un film sympathique, techniquement abouti, et doté de magnifiques scènes d'actions, mais peinant à atteindre l'excellence de Shaolin Soccer ou Crazy Kung Fu. Dommage, car un poil plus d'efforts, surtout au niveau de l'humour et de la narration, et il aurait pu tenir la comparaison.
Dans le même genre on aura tendance à lui préférer L'apprenti Sorcier avec Nicolas Cage, au synopsis d'ailleurs assez similaire, et qui même sans être fabuleux, avait au moins le mérite de ne pas nous imposer trop de temps morts, et surtout être visible dans le cadre familial.
Pour conclure, si vous êtes un inconditionnel du cinéma Asiatique, vous apprécierez certainement le film, et oublierez ses quelques fautes de rythmique. Si en revanche vous n'êtes pas accro au genre, essayez malgré tout d'aller au delà des 45 premières minutes et de lui donner sa chance, le reste valant quand même le coup d'oeil, tout du moins pour ses scènes d'action.
Mention spéciale pour Dong-won Kang, qui incarne Woochi, et qui se révèle toujours à la hauteur de son rôle de magicien dragueur et irrévérencieux.