Yakuza + démon + étrangers
Otomo est surtout connu pour ses œuvres papiers et ses films d'animation de très haute qualité.
Avec World Appartement Horror, il se lance dans le cinéma pour nous dépeindre un Tokyo cosmopolite en dérive, qu'on ressent parfaitement en introduction. Mais seulement dans l'introduction.
La suite de l'histoire donne un ton différent avec un yakuza envoyé dans un vieil immeuble habité par des personnes ayant chacune une origine d'Asie différente, mais vivants en parfaite harmonie. Manque de bol, ce type assez fier, violent et nationaliste a pour mission de les faire déguerpir, car l'immeuble, appartenant à son clan, doit être détruit pour être remplacé par un autre. Si on se prend à rire devant la performance d'Hiroyuki Tanaka qui peine à les faire dégager en employant tout un tas d'astuces assez pitoyables (avoir une relation sexuelle la porte grande ouverte, balancer des bombes anti-nuisibles, mettre sa musique à fond en faisait du karaoké dans le couloir..), la suite devient un peu usante, malgré le fait qu'un démon habite les lieux pour le meilleur comme pour le pire.
Les raisons de sa présence et les scènes qui en découlent deviennent guignolesques avec une happy end trop rapidement expédiée.
Le plus dérangeant, même si on sait qu'Otomo inclut très souvent un message politique dans ses œuvres, c'est la mièvrerie générale et la bien-pensance dégoulinante qui deviennent omniprésentes à partir d'un certain moment. Les immigrés sont des gentils, les fiers japonais sont des vilains, on tombe dans la leçon de morale vraiment lourde malgré l'indéniable originalité du film.
Un peu déçu d'Otomo qui, pour le coup, aurait pu donner un message bien plus fort, avec des scènes et des dialogues plus soignés, sans tomber dans les phrases toutes faites pour enfants de 4 ans.
Cela-dit j'ai tout de même bien rigolé, World Appartment Horror est un film qui sait rester divertissant en alliant plusieurs genres.