Aucune description ne saurai mieux résumer la teneur du film que cette célèbre maxime de Sartre. Mais avant de rentrer dans le vif des thématiques, posons le cadre : un jeune yakuza est enjoint par son boss d'aller débarrasser un vieil immeuble de ses occupants indésirables, une dizaine d'immigrés ayant trouvé refuge dans ce logement de fortune (et propriété du clan mafieux). Un homme de main fut envoyé avant lui, mais il n'est jamais revenu.

Le yakuza est interprété par Sabu (Hiroyuki Tanaka, de son vrai nom), qui n'est pas seulement le réalisateur déluré que l'on connait mais également un comédien de talent, comme il nous le démontre ici. Son personnage aura une semaine, et pas un jour de plus, pour déloger les habitants de leur taudis. Et pour ce faire il va user de moyens plus insolites les uns que les autres. Mais de curieux phénomènes vont se produire dans les entrailles du bâtiment. Un concours de circonstances dû à l'entremise d'une force surnaturelle va alors l'amener à faire son introspection. Bon gré mal gré. Car Il est question dans ce film du rapport de chacun à la différence, et de la réalisation de soi à travers les autres. S'il n'est pas novateur d'un pur point de vue filmique, World Apartment Horror a le mérite de ne commettre aucune maladresse tout en abordant des thèmes sensibles de façon allégorique. Il met en scène un Japon nationaliste en proie à ses démons, qui n'ose pas se regarder en face et reporte ses fautes sur autrui. Mais c'est bien en y faisant face que notre protagoniste - qu'on pressent animé d'une profonde humanité - saura terrasser la bête tapie au fond de son âme.

On connaissait l'aptitude de Otomo à définir un cadre optimal ou à construire une mise en scène ingénieuse sur cellulo comme sur papier, on sait désormais qu'il est également très à l'aise derrière une caméra. Son disciple et collaborateur Satoshi Kon fut co-scénariste sur ce projet - dont il adaptera un manga - et l'influence du kohai sur son maître est perceptible. Deux intentions s'entrelacent et se complètent avec brio dans ce film : le souci de réalisme, les considérations terriennes côtoient le paranormal et l'onirisme freudien. Quelle meilleure association dans l'écriture que celle de ces deux tauliers !

On notera la présence du "Celebration" de X Japan, qui achève de rendre cette oeuvre charmante. :cool:
DrunkenBastard
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films japonais

Créée

le 28 août 2010

Critique lue 586 fois

9 j'aime

2 commentaires

DrunkenBastard

Écrit par

Critique lue 586 fois

9
2

D'autres avis sur World Apartment Horror

World Apartment Horror
DrunkenBastard
8

L'enfer c'est les autres

Aucune description ne saurai mieux résumer la teneur du film que cette célèbre maxime de Sartre. Mais avant de rentrer dans le vif des thématiques, posons le cadre : un jeune yakuza est enjoint par...

le 28 août 2010

9 j'aime

2

World Apartment Horror
Raoh
6

Yakuza + démon + étrangers

Otomo est surtout connu pour ses œuvres papiers et ses films d'animation de très haute qualité. Avec World Appartement Horror, il se lance dans le cinéma pour nous dépeindre un Tokyo cosmopolite en...

Par

le 26 juin 2011

5 j'aime

World Apartment Horror
SelfBuddha
5

La somme de tous les signes

La puissance de tous les signes additionnés est dans sa formulation ésotérique.Mais la maîtrise de cette formule passe par l’exploration des peurs et des angoisses les plus profondes de l'âme...

le 15 avr. 2023

Du même critique

The Machinist
DrunkenBastard
8

Critique de The Machinist par DrunkenBastard

C'est beau et puissant comme nul autre film. Dans l'esthétisme, avec une photo glacée et une mise en scène qui rejoint celle de Kubrick par certains aspects. Etudiée au millimètre pour donner du...

le 24 août 2010

46 j'aime

5

Alien - La Résurrection
DrunkenBastard
3

Crucifixion

On sent vraiment un manque de respect vis-à-vis des épisodes précédents, l'absence de fidélité aux originaux est assez flagrante. C'est un festival de répliques fécales et de scènes insipides à la...

le 31 mai 2011

40 j'aime

23