Je trouve les critiques acerbes envers ce World Trade Center comme si parler du 11 septembre revient nécessairement à faire un film abordant des questions géopolitiques, historiques ou autres actions tournant autour de cet acte de terrorisme.
Je reconnais bien volontiers que la patte d'Oliver Stone réside souvent dans une remise en question des fondamentaux américains, et c'est, à mon sens, en toute logique que le réalisateur décide de prendre à contre-pied son oeuvre pour en faire un hommage vibrant.
Ça a du sens de montrer son amour envers son pays dans les moments graves avant ou après le critiquer. L'un ne peut aller sans l'autre, et c'est bien parce que Stone aime profondément les USA qu'il est si habile et vif dans sa critique. On évite donc les "je vous avais prévenu" ou les "c'était prévisible" pour une histoire plus intimiste, caractérielle des fondamentaux américains. Les héros faisant partie intégrante de la culture américaine sont ici loués, et c'est judicieux. Loin de l'horreur de l'action, nous n'assisterons pas au crash des avions ni à la terreur de la ville, mais plutôt à l'intervention d'un groupe de force de l'ordre perdu face à l'incompréhension et au chaos de la situation. Une poignée d'entre eux n'hésitera pas à se porter volontaire pour se jeter dans l'enfer. S'en suivra alors un film de survie et de reconstitution parfois maladroit mais souvent poignant.
Si le film n'apporte pas assez dans ce qu'il entreprend (lui préférer Tunnel dans le genre), la glorification des forces de l'ordre est son rôle premier. Il faut arriver à prendre du recul pour se rendre compte de l'horreur de cet événement. Près de 3000 morts et seulement 20 rescapés tirés des décombres, c'est tout bonnement incroyable et cela renforce la puissance de ce film. World Trade Center va davantage chercher du côté du documentaire que de la fiction et c'est bien un reproche que l'on peut faire à Oliver Stone d'avoir choisi un hommage simple mais fort, à une histoire plus dynamique mais fausse à l'instar de Vol 93 de Paul Greengrass.
Si le film a de l'écho car tiré d'une histoire vraie, certaines séquences sont un peu grossières et montrent que ce film se destine à un public quasi-exclusivement américain avec une utilisation des codes du cinéma un peu caricaturale. Par ailleurs, les acteurs sont assez remarquables. Mon seul reproche est le choix douteux des lentilles bleues de Maria Bello qui dénaturent totalement son visage.
En définitive la réalité a dépassé la fiction. Le 11 septembre est un fait historique incroyable qui se suffit à lui-même.
6/10.