Lors de la découverte de la première bande annonce, passé l'excitation qui avait accompagné la news "Bard Pitt a acheté les droits du roman de World War Z", j'ai compris. Ce film allait transformé une histoire intelligente en blockbuster écervelé.
J'ai repoussé longtemps le moment fatidique de la découverte de cet opus zombiesque pegi 7+. Mes éclaireurs m'avaient prévenu, fallait être accroché pour ne pas défaillir.
N'écoutant que mon courage je me suis tout de même lancé ; après tout j'ai survécu à Men of Steel, LA grosse déception de cette année.
En juin dernier je suis tombé sur une interview de Pitt qui présentait son film. En gros il expliquait avoir pris son pied dans ce film fun. Enfin, lui aussi pouvait sauver le monde tout seul. Après tout, pourquoi pas ? Pitt a livré moults excellentes compositions, il a le droit à un plaisir coupable. Bon, vouloir surfer sur la mode zombie en livrant une copie propre est à peu près aussi intelligent que de vouloir tourner un porno avec Rocco Siffredi sans montrer une seule fois son pénis gargantuesque en érection. Autant faire un film de guerre sans mort ou un film avec Tom Cruise sans lunettes, moto ou casquette. On me rétorquera que c'est une porte d'entré vers le genre, histoire de permettre aux plus réticents de découvrir les morts vivants sans être traumatisé par un cerveau qui éclate. Oui mais non, c'est idiot ; soyons fou, j'accepte. Allons-y.
Pitt voulait être le héros ? On est servi ; un bon vieux Deus Ex machina des familles le laisse vite comme seul recours de l'humanité car le spécialiste ultime, le seul capable de nous sauver, glisse et se tire une balle dans le crâne. Pas grave, Pitt assure. Pitt met son blouson, Pitt comprend tout, Pitt a de beaux cheveux, Pitt résiste à un mélange H5N1 + Peste + Variole ou je ne sais quoi. Ok, Pitt voulait être en tête de gondole, on est servi. Ok, je valide, on est raccord avec l'objectif initial. Je suis ouvert, non ?
On veut ratisser large pour attirer le chaland d'une populace avide de se faire peur mais pas trop ; scénario lisible à des kilomètres, famille idéale, des méchants militaires qui virent des civils, ok, tout est balisé. On a même le petit topo pro humanité solidaire, les Zombies étant la porte ouvrant sur une réconciliation israelo-palestinienne. Ok, c'est la crise, je valide.
Blockbsuter qui défonce tout : on y est ; immeubles, camions, crash d'avion, d'hélico ; on en a pour notre fric. Film de zombie ? Ok, couloir, hopital ou simili laboratoire, ok. On a même du gorounet tout choupinou avec une gerbouille de sang, une main coupée. La vache, je super valide !
MAIS BORDEL C4EST PAS ASSEZ CONSTERNANT QU'IL FAUT EN PLUS NOUS PRENDRE POUR DES CONS ?
Un mur anti zombie, pourquoi pas. Mais moi, comme ça, sans réfléchir 10 secondes, je le flanque de tour ou de moyens de surveillance histoire d'éviter d'être surpris par une éventuelle ascension improbable. C'est pas la règle de 10 ça évoquée par le boss israëlien qui a tout prévu ?
Mais le summum, le nirvana de la connerie, ce sont ces zincs. Et moi, dès qu'on touche aux zincs, je pète un boulard. Déjà, un ANTONOV 12 des années 60 aux couleurs de l'US navy, j'ai frôlé la crise de nerf. Mais Pitt a été plus loin. Plutôt que de réserver 2000 euros pour une relecture de scénario (tarif que je lui aurai proposé histoire de financer mon bricolage), on explose tout. Certains plans aériens montrent à la place du AN12 un Hercules US. Ben alors quoi, pas assez de sous pour montrer une vue de derrière en vol ??? Mieux. L'AN12 de Pitt est tellement top que malgré son autonomie de 5700 km, il peut rallier l'Atlantique à la Corée du Sud d'une traite, sans escale. Une fois là-bas, le plein de kérosène est fait en 2 minutes top chrono pour rallier directement Israël. Et le top, car c'est le AN12 de Pitt, c'est qu'il peut décoller d'un porte-avion. Là, j'avoue, j'ai failli tomber du canapé. C'est tellement idiot, tellement énorme, que je suis obligé de me rendre à l'évidence : pour Pitt, un blockbuster c'est un énorme doigt d'honneur au public. Ce dernier veut du spectacle ? On va le lui donner. Et comme on s'en cogne de lui, car on est venu faire un film auto centré sur sa petite personne sauvant le monde, on écrit n'importe quoi sans chercher à voir le début du commencement d'un truc réaliste.
Drélium dans sa très bonne critique avait signalé que WWZ faisait passer Je suis une Légende pour un chef d'oeuvre.
Quand j'ai vu 28 jours plus tard j'ai mis 6 car il n'avait pas été au bout des choses, selon moi. Quand j'ai vu Je suis une Légende, 28 jours plus tard a gagné un point. Là, si j'étais cohérent, il en gagnerait 3 de plus.
Je terminerai par une note positive qui justifie le point que je lui colle : le tête à tête David Morse / Pitt m'a rappelé combien L'Armée des 12 Singes était un pur film. Très sympa ce moment. Second bon point, la dernière minute : à elle toute seule, au-delà du fait qu'elle achève cette séance grotesque, évoque bien mieux le roman de Max Brooks.
Tiens, j'ai mon titre.