Qui l’aurait cru un jour possible, un film de zombies soutenu par un budget colossal de 190 millions de dollars ? C’est le pari de Brad Pitt, producteur de cette fin du monde aux money-shots où des milliers de zombies apparaissent en plans larges, mus par une vélocité et une fureur faisant passer 28 Jours plus Tard pour une promenade mollassonne. Oui, sauf que ça c’est ce que l’on pensait en voyant la bande-annonce, or au final tout y était condensé, le « meilleur », si tenté que l’on puisse le qualifier ainsi. En fait prenez tout ce qui fait un mauvais film de zombies, et plus particulièrement le déjà-vu, et vous avez World War Z. On aurait presque l’impression d’avoir affaire à une version édulcorée et mal foutue des adaptations cinématographiques de Resident Evil: pas de sang (ou très peu, même dans la version non censurée), et même l’inévitable scène de fuite sur le toit avec l’hélicoptère façon Resident Evil Apocalypse. Chouette programme, non ? Rajoutez-y une trame ressemblant à Contagion, sans la maestria de Soderbergh, et vous pourrez entrevoir l’ampleur du désastre.
Brad Pitt dans un film de zombies, on n’y aurait jamais cru il y a peu, mais au vu de son interprétation, on n’y croit toujours pas. Aussi inspiré que dans une pub pour parfum, sa seule réplique crédible est celle qu’il lance dès les premières minutes du film, comme un élan de lucidité « c’est débile ! ». Pour le reste de la distribution, on s’en fout, ne cherchez pas, la caméra sera braquée sur Brad pendant tout le film, pas de place pour d’éventuels sidekicks, tout le monde se fait toujours bouffer (hors champs, ne l’oublions pas), sauf Brad qui semble être invisible aux yeux des morts-vivants.
C’est chiant, très chiant, et finalement l’énorme budget de la bobine semble ne pas avoir servi à grand chose. On a même l’impression qu’il y a eu un manque total de communication entre le réalisateur et l’équipe technique tant les money-shots sont placés là de façon hasardeuse, montés à l’emporte-pièce, et placés à intervalles réguliers comme si un horloger bossait en arrière-boutique (on ne parlera même pas de l’utilisation abusives des « poiiiiing! » d’Inception). L’idée de ces plans larges sur des hordes de zombies était plutôt sympathique, surtout que c’était du jamais vu, et là je vais parler aux techniciens de l’image, mais l’utilisation d’un programme comme Massive (utilisé notamment sur des films comme I, Robot ou 300) permettait de créer jusqu’à maintenant d’innombrables personnages à l’écran, or jusqu’à maintenant les mouvements étaient assez linéaires et rarement exposés au premier plan, qui eux étaient animés indépendamment pour donner le change. Là nous avons réellement des caméras mouvantes qui ne se retiennent jamais de venir foncer au coeur des zombies et nous montrer à quel point le logiciel a évolué et aussi le talent des techniciens. Malheureusement, tout comme les innovations visuelles amenées par Prometheus (rendus de peaux, vaisseaux, etc), elles ne font que souligner la vacuité du reste, néant d’écriture et de mise en scène, et pire, de direction d’acteurs/interprétation.
Bien-sûr nous ne devrions pas être étonnés par tout cela, car comme on le sait, lorsqu’une bobine dispose d’un tel budget, on se doit de le rendre accessible au plus grand nombre, les mineurs en tête, d’où la suppression quasi-totale de l’hémoglobine. Certes les tripes n’ont jamais fait d’un film d’horreur un bon film d’horreur, car il en faut tout de même un peu plus, mais ajouté au raz-des-pâquerettes du reste on en sort avec l’impression de s’être fait gravement enflé. A éviter, et dans le cas contraire, se remater 28 Jours plus Tard pour se rappeler qu’en salles peuvent sortir des films de zombies originaux qui n’ont pas peur de lancer de la bidoche, en plus de nous terroriser et nous servir des acteurs investis.
SlashersHouse
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le 30 sept. 2013

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