Invasion de Zombies rapides, guerre sans hémoglobine
(...) World War Z est l’adaptation cinématographique du roman éponyme de Max Brooks, dont les droits ont été achetés en 2006. Cette réalisation a connu de sérieux problèmes d’écriture. Le tournage qui devait commencer en 2009, s’est vu retarder par un script non achevé et le projet a vu bon nombre de scénaristes défiler. Le final a dû être réécrit quasiment à la dernière minute. Des rumeurs de difficultés de budget et de mésentente entre Brad Pitt et le réalisateur Marc Forster, ont également circulé. Il faut laisser du temps au temps disait Lamartine. Est-ce que le temps a profité à ce projet, à la gestation si difficile ?
Le très attendu World War Z est un film de zombie sous une forme inédite, un blockbuster, qui marque le retour de Brad Pitt à l’affiche. A 50 ans, l’acteur américain s’accorde une petite pause récréative dans une carrière remplie, ces dernières années, de films d’auteurs et de réalisateurs virtuoses. Même s’il n’est pas un spécialiste du genre, l’acteur réussit à porter ce blockbuster sur ses épaules avec charisme et talent et interprète un Gerry Lane à l’instinct de survie incroyable, omnipotent, omniscient, et surtout indestructible, au brushing parfait, dans cette traversée tumultueuse d’un monde rempli de zombies.
(...) L’intrigue quant à elle, se situe à mi-chemin entre Contagion (2011) pour l’aspect scientifique et 28 jours plus tard (2002) pour le rythme et les zombies survitaminés. Elle plonge immédiatement le spectateur dans l’action, en offrant une vision apocalyptique d’une rapide propagation du virus à l’échelle planétaire. L’ensemble tient la route et contient des petits bijoux de grand spectacle, comme le début de l’épidémie et les mouvements de foule à Philadelphie, l’échelle de zombie sur le mur de Jérusalem, ou le crash aérien. Les effets spéciaux sont réussis. Les prises de vues aériennes sont superbement filmées, ce qui n’est pas toujours le cas des courses-poursuites filmées caméra à l’épaule pour un plus grand réalisme, mais qui aboutissent à une mise en scène saccadée et décousue.
(...) La portée du spectacle est également réduite par la volonté de Marc Foster de faire un divertissement tout public. L’absence d’effets gore et de violence nuit à l’intensité de l’ensemble. Les fans de The Walking Dead entre autres, risquent d’être déçus : ils ne verront pas des hectolitres d’hémoglobine ou autres viscères dégoulinantes… En outre, les zombies du film font plus rire que fuir : ils sautent, sont incroyablement agiles et rapides et réagissent de façon très réactive aux bruits.
(...) Avec un budget titanesque de 190 millions de dollars, World War Z ne parvient pas à révolutionner le genre du film zombie. Il n’atteint jamais la critique sociale, l’esprit contestataire d’un Georges A. Romero dans La nuit des morts vivants [v], ni la virtuosité d’un Zack Snyder dans L’Armée des Morts [vi], .et encore moins la beauté lyrique d’un Danny Boyle dans 28 jours plus tard. C’est une œuvre inégale, inachevée, et manquant d’ambition et de suspense. A défaut d’avoir une véritable personnalité, ce film demeure un divertissement acceptable, qui possède une énergie réelle, mais qui manque d’esprit. Une suite est déjà en préparation, et réservera espérons le, son lot de surprises.