Nouvelle collaboration entre les deux génies allemands que sont Werner Herzog et Klaus Kinski, dans un film que l'on peut qualifier d'atypique.
Pourquoi? Tout simplement par son scénario assez spécial, son personnage principal tourmenté et parce qu'une partie de l'éducation d'Herzog se retrouve dans l'oeuvre.
Avant toute chose, on retrouve dans la réalisation de l'allemand une envie de faire passer une image de carte postale de l'Allemagne. Ainsi, les premiers plans nous font découvrir une ville allemande pittoresque (logique, l'histoire semble se dérouler vers la fin du 19ème siècle, le réalisateur ne nous donnant aucune réelle indication probante). Enfin, la caméra se trouve très souvent à hauteur du personnage central, Woyzeck, quitte à ce que celle-ci se retrouve au sol pour démontrer que cet homme n'a pas beaucoup d'importance tant dans la société que dans l'armée. Sa femme le trompe et il n'est qu'un vulgaire pantin en tant que soldat. On notera aussi pas mal d'effets de ralentis.
Revenons-en à l'histoire. Un homme torumenté, victime d'hallucinations semble être l'objet d'expériences faites par un médecin. Problèmes psychologiques, réflexions métaphysiques mais le plus important: il sombre de plus en plus dans la folie. D'autant que sa femme le trompe alors qu'il peut être considéré comme un bon mari (Il rapporte l'argent qui permet à la famille de survivre). Jusqu'à ce qu'un acte irréparrable ne soit commis. Et cette fin au fond surprenante puisque l'on pourrait penser que cela se déroulerait autrement étant donné les éléments précédents...
Enfin, certains hurleront au scandale quand aux propos tenus envers les Juifs et les Tsiganes. Mais Werner Herzog est né pendant la guerre et il critique évidemment bien plus les propos tenus par les Allemands qu'il n'y adhère. Avec une grosse raison qui est assez importante, à mon sens. La première, les propos racistes ne sont tenus uniquement que par une femme, Marie, ce qui remet totalement en question l'éducation de l'époque. D'autant que le personnage féminin s'appelle Marie. Un prénom qui nous ramène directement à la Bible. Cependant, cette Marie est totalement volage alors que celle de la Bible était sensée avoir enfanté en étant vierge. Au final, bien plus une critique qu'un consentement dans les propos tenus sur les Juifs et Tsiganes. D'ailleurs, dans Aguirre, la colère de Dieu, le personnage central était un personnage qui voulait énormément de pouvoir et qui embrigadait ses hommes dans ses délires et qui finira par échouer. Cela ne vous rappelle pas quelqu'un?
Le film repose quasi entièrement sur l'interprétation de Klaus Kinski. Une nouvelle fois, on n'est pas déçu. Pas aussi exceptionnel que dans Aguirre, la colère de Dieu, il n'en reste pas moins épatant. Les seconds rôles sont totalement effacés malgré le fait qu'ils ne soient pas mauvais du tout. Mais Kinski n'est-il pas l'égal allemand de gens comme De Niro, Pacino ou Brando?
Il ne s'agit évidemment pas de l'oeuvre la plus réussie de Werner Herzog mais elle n'en reste pas moins excellente...